Le programme de formation universitaire des infirmières praticiennes spécialisées (IPS) se heurte à un autre écueil. Près de 40% des étudiantes inscrites à l'option des soins de première ligne ont échoué au dernier examen provincial, un peu avant Noël - cet examen est essentiel à l'obtention du diplôme.

Au total, 33 aspirantes à un poste d'infirmière praticienne spécialisée s'étaient inscrites à l'examen de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ). De ce nombre, 12 n'ont pas répondu aux exigences de la pratique, a appris La Presse.

Le nombre d'échecs est inquiétant au point où le comité d'examen provincial, formé de médecins et d'IPS, a demandé une rencontre avec les responsables des six universités qui donnent le cours au Québec afin de voir si le problème relève des étudiantes elles-mêmes ou de lacunes dans le programme de formation.

«C'est clair qu'on vise un taux de réussite de 100%, explique la présidente de l'OIIQ, Gyslaine Desrosiers. Mais ces postes comportent de grandes responsabilités, et il faut des connaissances particulières. Le comité d'examen est préoccupé. On ne peut pas demander aux infirmières si elles étaient nerveuses durant l'examen ou si une autre raison explique leur échec, mais on va analyser les différents facteurs.»

Les candidates à un poste d'infirmière praticienne ont trois chances de passer l'examen. Lors du dernier test, au moins une candidate en était à sa deuxième tentative.

Des médecins inquiets

À la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), on indique que plusieurs médecins qui s'apprêtent à accueillir une infirmière praticienne dans leur clinique s'inquiètent du taux élevé d'échec. Ils se demandent comment ils doivent les considérer ou les appuyer avec de tels résultats, explique le Dr Louis Godin, président de la FMOQ.

«L'an dernier, le dossier des infirmières praticiennes est soudainement devenu urgent pour le gouvernement. Le ministère de la Santé est arrivé avec des candidates en disant que l'examen n'était qu'une quasi-formalité, presque de l'acquis, déplore le Dr Godin. C'est ce qui mène à notre questionnement. Il est clair qu'on va demander des éclaircissements au Collège des médecins et à l'Ordre des infirmières.»

À l'OIIQ, on affirme que, des 21 infirmières qui ont réussi l'examen, 17 ont déjà trouvé un emploi. La plupart des postes ont été pourvus dans des régions éloignées, notamment dans le Grand Nord, ou la pénurie de médecins est plus marquée.

Avec leur diplôme équivalent à une maîtrise, les infirmières praticiennes peuvent poser des diagnostics et prescrire ou ajuster certains médicaments, mais sous la supervision d'un médecin.

Il y a actuellement 105 infirmières inscrites au programme de soins infirmiers spécialisés. De ce nombre, 36 sont en stage en première ligne.

Si les inscriptions sont nombreuses en médecine familiale, il y a un ralentissement dans les spécialités comme la cardiologie, la pédiatrie ou la néphrologie, à tel point que l'Université Laval a suspendu le programme. Pendant que l'Ontario compte environ 1700 infirmières praticiennes, il y en a à peine 66 actives au Québec. L'an dernier, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, avait promis qu'il y en aurait 500 en médecine familiale au bout de huit ans, grâce à une enveloppe budgétaire de 117 millions pour accélérer leur formation et leur embauche.