Le premier ministre Jean Charest refuse de fixer un échéancier pour la certification des résidences privées pour personnes âgées.

Toutes les résidences de-vaient être certifiées en juin 2009. Or, à Montréal, 30% ne le sont toujours pas.

Mercredi, à l'Assemblée nationale, Pauline Marois a demandé au gouvernement d'adopter un plan d'urgence, une requête qu'elle avait déjà faite en mai 2009. «Les Québécois sont véritablement dévastés par l'actualité qui concerne les soins que l'on offre aux personnes âgées», a-t-elle lancé. Elle a souligné que 28 pensionnaires de résidences privées ou publiques sont morts dans des «circonstances obscures» depuis 28 mois. Elle a également rappelé que la Protectrice du citoyen a dénoncé dans deux rapports «dévastateurs» les retards que connaît le programme de certification.

«Est-ce que le premier ministre comprend qu'il faut mettre les bouchées doubles? Et, aujourd'hui, peut-il fixer une date limite pour que le processus soit enfin complété?» a-t-elle demandé.

Jean Charest a répliqué que le Québec est la seule province canadienne à avoir mis sur pied un programme de certification des résidences privées pour personnes âgées. Des 2200 résidences que compte le Québec, 85% ont été certifiées. Les autres sont en voie de l'être, selon lui.

«On a mis en place le programme de certification justement parce que nous voulons qu'il y ait un contrôle sur la qualité des soins qui sont donnés aux personnes âgées au Québec», a-t-il ajouté.

Pour la ministre déléguée aux Services sociaux, Dominique Vien, le gouvernement a entrepris «un travail colossal» en ce qui a trait à la certification des résidences privées. «Nous l'avons entrepris, c'était une première au Québec, une première au Canada, une première en Amérique du Nord. C'est donc dire qu'avant notre arrivée il n'y avait absolument rien, aucune balise qui encadrait les résidences privées pour personnes âgées. Alors, nous entamons un large chantier», a-t-elle plaidé, refusant elle aussi de fixer un échéancier.

Selon la députée péquiste Lisette Lapointe, ce refus n'a «aucun sens»: «Ça fait deux ans qu'on demande un plan d'urgence, qu'on demande que la certification soit complétée.» Elle a souligné que la certification à elle seule «ne garantit pas la qualité des soins». Québec doit de plus, par exemple, faire des inspections dans les résidences privées, ce qu'il ne fait pas encore, a-t-elle ajouté.

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Québec a nommé mercredi l'enquêteur indépendant chargé de faire la lumière sur les événements troublants survenus au Pavillon Marquette, résidence privée pour personnes âgées du Plateau-Mont-Royal. Il s'agit d'Alain Lampron, qui a été directeur général d'établissements de santé et de services sociaux pendant 32 ans, dont au CSSS Vallée-de-la-Batiscan, en Mauricie. Il a pris sa retraite en 2008 et a fondé une firme de coaching professionnel l'année suivante. Au cabinet de la ministre Vien, on note que, l'an dernier, M. Lampron a produit un rapport accablant sur la gestion du centre de réadaptation Lisette-Dupras, à Montréal. Ce rapport a entraîné la mise sous tutelle de l'établissement. En vertu de son mandat, M. Lampron doit également examiner le processus d'attribution des places en ressources intermédiaires comme le Pavillon Marquette. Il devra rendre son rapport au plus tard le 4 avril. La Presse a révélé au cours des dernières semaines que le Pavillon Marquette donnait des services tellement déficients à ses 14 pensionnaires que le CSSS Jeanne-Mance l'a fermé au mois de novembre. Cette fermeture est toutefois survenue 10 mois après que des lacunes très importantes eurent été constatées.