À la suite des révélations troublantes de La Presse sur les conditions de vie des aînés de la Villa Sainte-Anne, à Lachine, la ministre déléguée aux services sociaux, Dominique Vien, a demandé au commissaire aux plaintes de Montréal de faire une vérification sur cet établissement.

La Presse a présenté hier matin les témoignages de pensionnaires de la Villa Sainte-Anne au sujet de la piètre qualité de la nourriture et du fait que les employés ne parlent pas français. Hier, d'autres personnes ont communiqué avec La Presse pour confirmer les faits. La fille d'une pensionnaire a dit avoir envoyé une plainte au centre de santé et de services sociaux (CSSS) de Dorval-Lachine-Lasalle l'automne dernier. «C'est très difficile de savoir à qui adresser la plainte parce qu'il y a le propriétaire, qui est privé, mais aussi le CSSS, qui est public. On s'y perd.»

Une ressource intermédiaire est une résidence privée pour aînés qui accueille des aînés en perte d'autonomie modérée.

La porte-parole de l'opposition officielle en matière de personnes âgées, Lisette Lapointe, presse le gouvernement d'agir pour mieux protéger les aînés. «Ça prend de l'inspection, et il n'y en a pas assez actuellement», dit Mme Lapointe. Les ressources intermédiaires, tout comme les centres d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD), font l'objet de visites d'appréciation, mais Mme Lapointe déplore qu'il n'y ait que six inspecteurs pour tous les établissements du Québec.

Mme Lapointe s'est aussi dite troublée de voir que plus de la moitié des lits de ressource intermédiaire qui seront créés à Montréal d'ici à 2012 appartiennent au même promoteur, le Groupe immobilier Global.

La ministre Vien a quant à elle répété avoir demandé il y a deux semaines un examen du mode d'attribution des places de ressources intermédiaires.

L'Association québécoise de défense des retraités (AQDR) a quant à elle qualifié d'inacceptables les conditions de vie à la Villa Sainte-Anne. «En fait, les ressources intermédiaires, ce sont des PPP (partenariat public-privé), avec tous les défauts des PPP. Plusieurs des propriétaires entendent profiter au maximum de l'irresponsabilité du gouvernement, qui se départit de ce qui fait partie de ses fonctions sociales de base. La politique de privatisation du gouvernement nous amène vers des services de moindre qualité», a déclaré le responsable des dossiers santé à l'AQDR, Jacques Fournier.