L'Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées (AQDR) a officiellement porté plainte à la police, hier, pour négligence criminelle à la suite de la mort de Maurice Gibeau, en décembre 2009, à la ressource intermédiaire du Parc Jarry, à Montréal.



«La police va ouvrir une enquête. Les procureurs décideront ensuite s'ils veulent poursuivre les responsables», a déclaré le président de l'Association, Louis Plamondon. La police n'a pas voulu commenter le dossier.

En mai dernier, la coroner Catherine Rudel-Tessier avait souligné les circonstances troublantes de la mort de M. Gibeau. Âgé de 84 ans et atteint de problèmes pulmonaires, il avait tenté d'appeler à l'aide dans la nuit du 12 au 13 décembre 2009 alors qu'il était en détresse. Le préposé de garde, qui avait débranché les sonnettes d'alarme, n'avait pu le secourir à temps. L'enquête du coroner a également révélé que le préposé n'avait fait aucune ronde pendant la nuit, alors que M. Gibeau devait être visité toutes les deux heures.

Des recherches réalisées par M. Plamondon montrent que de 70 à 80 personnes âgées meurent chaque année par négligence au Québec. La plainte criminelle dans le cas de M. Gibeau est «une première», selon M. Plamondon. «Pourquoi les décès d'aînés qui font l'objet d'avis du coroner tombent-ils dans l'oubli? Il doit y avoir d'autres démarches et on espère donner l'exemple. Arrêtons de cacher les morts d'aînés par négligence.»

Prisons et garderies

Il explique que l'avis rendu le mois dernier par la Commission des droits de la personne a joué un rôle majeur dans sa décision de porter plainte à la police. Dans cet avis, la Commission réclame la déclaration obligatoire de toutes les morts survenues dans les établissements pour aînés afin que le Bureau du coroner puisse faire enquête sur les cas suspects.

Actuellement, la loi oblige la déclaration des morts dans les prisons et dans les garderies, mais non dans les centres d'hébergement pour aînés, ce que la Commission juge discriminatoire. «Si la non-déclaration de la mort d'aînés est discriminatoire, ne pas poursuivre les responsables de mort par négligence chez les personnes âgées est aussi discriminatoire», dit M. Plamondon.

Le centre de santé et de services sociaux (CSSS) du Coeur-de-l'Île, dont relève la résidence du Parc Jarry, n'a pas voulu commenter le dossier. La directrice générale adjointe du CSSS, Nicole Clouâtre, a toutefois dit que plusieurs mesures ont été mises en place à cette résidence à la suite de la mort de M. Gibeau et de l'avis du coroner. Le personnel a notamment reçu différentes formations.