Les patients et les médecins sont pris en otages par le gouvernement qui refuse d'agir dans le dossier des frais accessoires, estime le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), le Dr Gaétan Barrette, qui demande à Québec de créer un comité tripartite pour régler la question.

Après le Collège des médecins, qui a demandé mardi au gouvernement d'établir des règles claires pour encadrer les frais accessoires, le Dr Barrette a présenté sa position, hier. Il a expliqué que la loi ne permet aux médecins de facturer des frais accessoires que pour des médicaments, des pansements et des anesthésiants.

Les médecins qui pratiquent en cabinet reçoivent une compensation pour leurs frais administratifs, mais rien pour certains appareils, dit le Dr Barrette. Par exemple, un ophtalmologiste qui achète un appareil de tomographie ne peut se le faire rembourser et ne peut en facturer l'utilisation aux patients.

Parce que le Québec n'est pas «un monde de philanthropie médicale», le Dr Barrette explique que les médecins ont recours à des techniques particulières pour se faire rembourser ces appareils. Par exemple, des ophtalmologistes facturent 200$ aux patients sous la rubrique «gouttes» pour payer l'entièreté du traitement.

«Les patients sont mécontents et ils ont raison, croit le Dr Barrette. Le gouvernement, en refusant de payer les coûts des procédures, décide de prendre les patients et les médecins en otages.» Le Dr Barrette aimerait un élargissement de la notion de frais accessoires pour que les coûts liés à l'utilisation de nouveaux appareils technologiques soient considérés.

Il réclame également la création d'un comité tripartite, comme c'est le cas dans les autres provinces, qui déterminera le juste prix des interventions et des frais accessoires qui en découleront. «Il faut décider parce que, si on reste comme ça, les patients vont continuer de payer», croit le Dr Barrette.

Au cabinet du ministre de la Santé, Yves Bolduc, on reconnaît que les frais accessoires sont «un enjeu important» et que des discussions sont amorcées avec certains partenaires pour mieux les baliser. La Régie de l'assurance maladie du Québec entamera sous peu une campagne d'information sur le sujet.

Par ailleurs, la FMSQ a déposé un mémoire sur le projet de loi 127 visant à améliorer la gestion du réseau de la santé. Selon la FMSQ, cette loi n'améliorera pas le réseau, mais «alourdira plutôt les processus décisionnels», entraînera une «multiplication de la production de rapports» et augmentera le nombre d'administrateurs.