Les candidates à la profession d'infirmière praticienne spécialisée (IPS) n'étaient pas nombreuses au dernier examen, et près de la moitié d'entre elles y ont échoué. Des 14 candidates à l'examen obligatoire de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), seulement 8 ont obtenu la note de passage.

Déjà, peu avant Noël, 40% des candidates avaient échoué à l'examen, qui comporte trois volets: oral, écrit et pratique. Ce taux d'échec est si inquiétant que les représentants des neuf facultés qui offrent le programme ont été appelés à faire le point sur son contenu afin de voir où est le problème.

Au département des sciences infirmières de la Faculté de médecine de l'Université de Sherbrooke, Luc Mathieu, vice-doyen, affirme qu'aucune candidate n'était inscrite au dernier examen. Six infirmières sont admissibles au prochain, prévu en juin, mais il se peut qu'elles décident d'attendre le semestre d'automne afin de mieux se préparer. Il craint d'ailleurs que le haut taux d'échec ne dissuade les infirmières de s'inscrire au programme.

«J'étais à la réunion avec les doyens des autres facultés, le 24 février dernier, dit M. Mathieu. Il est clair qu'on va interpeller l'Ordre des infirmières pour faire partie du comité d'examen. Nous avons appris des choses lors de cette rencontre. Nous ne voulons pas voir le contenu des simulations pratiques ou de l'examen, mais nous avons été estomaqués de constater à quel point la partie orale était prépondérante dans les résultats.»

Guide de préparation

Fortes de la rencontre avec le comité d'examen, les facultés font maintenant pression pour qu'on mette enfin à leur disposition un guide de préparation à l'examen. Du côté de l'Université du Québec en Outaouais (UQO), quatre infirmières se sont soumises à l'examen, mais l'OIIQ refuse de dévoiler les résultats. Chantal Saint-Pierre, responsable des programmes de deuxième cycle en sciences infirmières de l'UQO, affirme que le guide est essentiel.

«Ça fait au moins un an que les responsables des programmes demandent un guide de préparation à l'examen, dit-elle. C'est clair qu'on aimerait obtenir des taux de réussite à 100%. Les candidates font beaucoup de sacrifices familiaux pour obtenir leur diplôme. En même temps, il faut comprendre que cet examen vise à protéger le public. Il est question de médecine familiale, et ça implique le suivi de grossesse, de jeunes adultes, de femmes ménopausées, de personnes âgées, etc. Bref, comme on en est aux balbutiements au Québec, ça me rassure, dans un sens.»

Anne-Sophie Robitaille, porte-parole de l'OIIQ, a pour sa part tenu à mettre en perspective le taux d'échec: depuis l'implantation du programme (en 2008), il y a eu six examens, et 55 des 76 candidates ont réussi - dans certains cas après une ou deux reprises, admet-on. Elles ont droit à trois tentatives.

«L'Ordre encourage les candidates à persévérer. Si on regarde globalement les chiffres, ont peut parler d'un taux de réussite de 96%. On ne dit pas qu'il n'y a pas d'ajustements à faire, mais c'est un processus», a fait valoir Mme Robitaille.

Le gouvernement a toujours pour objectif d'avoir 500 infirmières praticiennes en médecine familiale en 2017. Jusqu'à maintenant, on n'en compte que 55 en première ligne, 99 si on ajoute les spécialités (néonatalogie, néphrologie et cardiologie). En Ontario, il y a plus de 2000 infirmières praticiennes dans les cliniques et les hôpitaux.

La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) a déjà fait part de ses inquiétudes quant à la façon dont elle doit accueillir les infirmières praticiennes dans le réseau à la lumière du haut taux d'échecs.

Lors de la première année d'examens IPS au Québec (2009), 12 des 14 candidates avaient réussi leur examen. En 2010, 33 candidates se sont présentées à l'examen, et seulement 20 ont obtenu la note de passage, un taux d'échec de 40%. Lors du dernier examen, en février, seulement 8 des 14 candidates ont réussi.