Le programme de 139 millions de dollars pour combattre le VIH et le sida, lancé en grande pompe par le premier ministre Stephen Harper et le cofondateur de Microsoft, Bill Gates, a commencé à s'effondrer en l'espace de quelques mois après son lancement, selon un rapport interne.

Les conflits internes et la bureaucratie ont rendu difficile la circulation des fonds, et le projet de construire une usine de vaccins contre le VIH s'est effrité en moins d'un an, indique-t-on dans cette analyse publiée récemment.

«Des délais très lourds ont remis en question la possibilité d'atteindre les objectifs visés en respectant l'échéancier établi», mentionne le rapport complété en août dernier par l'Agence de la santé publique du Canada.

L'étude de 62 000 $, effectuée par la firme de consultants Goss Gilroy Inc., porte sur l'efficacité du programme «Initiative canadienne de vaccin contre le VIH», lancé il y a quatre ans.

La Presse Canadienne a obtenu une copie de ce rapport grâce à la Loi d'accès à l'information, après cinq mois de délai.

Le premier ministre avait défrayé les manchettes le 20 février 2007, alors qu'il annonçait le lancement de ce programme tambour battant, flanqué d'un Bill Gates souriant.

«Grâce à l'initiative du Canada, en partenariat avec la fondation Gates, des ressources seront fournies afin de contribuer à la réalisation d'un vaccin contre le VIH-sida. Cela pourrait, un jour, sauver la vie de millions de personnes atteintes de cette horrible maladie», avait déclaré M. Harper.

La Bill and Melinda Gates Foundation avait promis de verser 28 millions au projet, échelonné sur cinq ans. Cette enveloppe était attribuée au projet central du programme, une usine-pilote pour les lots d'essai de vaccin contre la maladie.

Ottawa avait pour sa part promis de fournir 85 millions en nouveaux fonds, en plus de 26 millions retranchés d'un autre programme contre le VIH. Des 111 millions, 60 millions devaient être alloués au projet d'usine.

Le rapport de la firme Goss Gilroy Inc déplore les délais et la lourdeur bureaucratique, qui ont freiné le déploiement du programme.

«Initiative canadienne de vaccin contre le VIH» cumule désormais des années de retard sur l'échéancier prévu, et le projet d'usine tant vanté a été annulé.

Les détracteurs de ce projet soutiennent que ce processus s'est avéré une perte de temps et d'argent, et que cela a porté un coup dur à la réputation internationale du Canada en tant que centre d'excellence pour la recherche.

Le gouvernement a depuis alloué certaines des enveloppes qui avaient d'abord été destinées à l'usine de vaccins à des programmes internationaux contre le VIH. Ottawa a également décidé de prolonger de quatre ans le programme.