Bonne nouvelle pour le lapin de Pâques: il n'a plus à craindre la concurrence des écoles. La vente de chocolat au lait dans les collectes de fonds scolaires est interdite par le ministère de l'Éducation (MELS) en vertu du virage santé entrepris dans le milieu, a appris La Presse. Conséquence: les profits des écoles qui y ont renoncé ont baissé «environ du tiers», selon Guy Émond, président d'Humeur campagnes de financement.

Québec va-t-il trop loin?

«Dans plusieurs écoles, les profits destinés à financer les activités parascolaires des jeunes ont diminué, a indiqué M. Émond. Parfois de plusieurs milliers de dollars.» Lui-même père de deux enfants, le président d'Humeur se dit favorable à la politique santé. Mais l'étendre aux campagnes de financement «a un impact si important sur les profits de l'école qu'il faut se questionner si ce n'est pas trop cher payé en diminution d'activités pour les jeunes», a-t-il fait valoir.

La politique-cadre Pour un virage santé à l'école est stricte: les écoles doivent «vendre ou offrir des aliments et boissons conformes aux principes d'une saine alimentation à l'occasion des campagnes de financement», depuis 2008. Les «desserts et collations riches en matières grasses et en sucres», comme les «tablettes de chocolat à moins de 70% de cacao», sont à éviter. Tous les aliments «dont le premier ingrédient est le sucre» sont à éliminer.

«Dans cet esprit, l'offre ou la vente de chocolat ne sont pas interdites dans la mesure où le chocolat contient 70% ou plus de cacao», a écrit Richard Leblanc, coordonnateur des services complémentaires du MELS au président de Chocolat Lamontagne, lettre que La Presse a obtenue en vertu de la loi d'accès à l'information.

Les autres produits moins populaires

Chocolat Lamontagne, dont l'usine de Sherbrooke «emploie 150 personnes», a précisé la directrice des services administratifs Patricia Sabatin, vend toujours du chocolat au lait pour les collectes de fonds. Mais aussi des fromages du Québec, des barres de céréales et une variété d'autres produits, dont du chocolat noir à 73% de cacao.

Humeur a aussi diversifié son offre: café, thé, même des sacs à ordures biodégradables sont proposés pour la vente par les écoles. En plus du chocolat, noir et... au lait. «Nous avons investi beaucoup d'argent pour lancer des collections de produits qui respectent la politique du gouvernement, a dit M. Émond. Mais notre industrie répond à un achat d'impulsion et le chocolat traditionnel est difficile à battre en la matière.»

«Malgré la politique, le chocolat reste le meilleur vendeur», a corroboré Marc-André Brûlé, directeur de comptes pour les campagnes de financement chez Équita d'Oxfam-Québec, qui vend aux écoles divers produits issus du commerce équitable. «Les écoles qui ont délaissé le chocolat pour un temps y sont vite revenues», a-t-il ajouté. Il faudrait d'abord, selon lui, financer des projets scolaires avec des produits qui ne sont pas issus de l'exploitation d'enfants d'ailleurs.

Une nutritionniste approuve

La Fédération des commissions scolaires n'a pas commenté la baisse de profits des écoles qui renoncent à vendre du chocolat au lait. «Comme les campagnes de financement sont des initiatives qui relèvent des conseils d'établissement, nous ne détenons pas de données ou d'informations à ce sujet», a indiqué Caroline Lemieux, porte-parole de la Fédération. Même réaction à la Fédération des syndicats de l'enseignement, selon qui il s'agit de décisions locales.

«Je pense que pour la cohérence du message véhiculé par le virage santé, le fait de vendre uniquement du chocolat noir à 70% et plus n'est pas une mauvaise idée, a pour sa part commenté Charlotte Geroudet, nutritionniste à Québec. Il aurait été excessif d'interdire la vente de chocolat, mais je trouve positif qu'on propose aux gens un produit ayant une valeur nutritionnelle plus intéressante.»