Les détenus aux prises avec des problèmes de santé mentale sont laissés à eux-mêmes, dénonce la protectrice du citoyen dans un rapport accablant pour le gouvernement rendu public mercredi.



À telle enseigne que la protectrice du citoyen recommande à Québec de transférer, et ce, dès 2012, la responsabilité de l'encadrement des services de santé mentale aux détenus du ministère de la Sécurité publique à celui de la Santé, mieux équipé pour répondre aux besoins de cette clientèle.

Le temps est donc venu pour Québec de développer une vision cohérente dans la prise en charge des détenus frappés de maladies mentales, à la fois pour combler les lacunes majeures observées et réduire les risques de récidive, selon la protectrice du citoyen, Raymonde Saint-Germain, qui avait déjà présenté un premier rapport accablant sur cette question en 2007.

Mme Saint-Germain accompagne son rapport de toute une série de recommandations, incluant: une meilleure formation des policiers et du personnel des services correctionnels, la préparation d'une procédure de dépistage systématique des problèmes de santé mentale lors de l'admission des détenus, la prise en charge continue durant l'incarcération, une uniformité des services offerts d'une région à l'autre, une gestion plus serrée des crises d'ordre psychiatrique et des transferts de patients malades d'un établissement à l'autre, et surtout, une meilleure préparation des détenus à leur retour en société.

Ainsi, trop souvent, dénonce-t-elle, lorsque ces détenus sortent de prison, ils doivent reprendre à zéro les démarches pour obtenir les soins dont ils ont encore besoin, augmentant les risques de rechute.

«Les personnes sont souvent laissées à elles-mêmes lors du retour dans la communauté, sans liens établis avec des ressources susceptibles de leur venir en aide», déplore Mme Saint-Germain.

Au total, la protectrice du citoyen conclut que les ressources offertes à ces personnes sont nettement insuffisantes.

«L'organisation clinique en santé mentale au Québec s'est faite sans véritablement tenir compte des spécificités du milieu carcéral», juge la protectrice dans son rapport.

Or, ce problème doit être pris au sérieux, insiste-t-elle, puisque la prévalence des maladies mentales «est nettement plus élevée» dans les prisons que dans la population en général.

Des études révèlent qu'au Québec 61 pour cent des détenus ont reçu un diagnostic de problème de santé mentale, au cours des cinq années précédentes, ou ont éprouvé un problème de consommation de drogue ou d'alcool.

En comparaison, on estime que 20 pour cent des gens vont éprouver un problème de santé mentale au cours de leur vie.

Le Québec compte 19 centres de détention de compétence provinciale.

Mme Saint-Germain note que l'idée de transférer la responsabilité gouvernementale de ce dossier du ministère de la Sécurité publique à celui de la Santé flotte dans l'air depuis quelques années.

Compte tenu des lacunes majeures portées à son attention, elle recommande donc d'accélérer la réflexion à ce propos pour effectuer le transfert au plus tôt.