Avec ses 14 salles d'examen, la clinique du boulevard L'Ange-Gardien, à L'Assomption, dans la région de Lanaudière, est aussi bien équipée que les urgences d'un hôpital. À cette différence près que tout est flambant neuf et, surtout, qu'il s'agit d'une clinique «sans papier». Une clinique modèle, selon le ministre de la Santé, Yves Bolduc.

Dans un petit local où s'entassaient autrefois 40 000 dossiers de patients, le ministre Bolduc a eu droit cette semaine à un bilan «électronique» des médecins de la clinique. Le Dr Pierre Cadoret, omnipraticien qui ne compte plus ses années de pratique, affirme que les dossiers médicaux informatisés (DMI) permettent aux médecins de voir quatre patients de plus par jour.

«Les médecins n'aiment pas pitonner. Notre défi premier consistait à trouver un système qui nous permettrait de continuer à écrire nos notes ou nos ordonnances avec un crayon. Et on l'a trouvé», a expliqué le Dr Cadoret au ministre.

Le système, qui allie les technologies Kinlogix et Toubib, fonctionne donc avec un écran tactile. Les médecins peuvent y griffonner, effacer, corriger et ajouter de l'information. En quelques clics, ils peuvent rédiger des ordonnances qui sont gardées en mémoire. Il y a aussi des codes de vulnérabilité pour les quelque 5000 patients les plus à risque.

«Avec nos tablettes, qui ressemblent à celles sur lesquelles on faisait des dessins quand on était petits, nous sommes vus comme des docteurs cool, ajoute le Dr Cadoret. Les enfants veulent toucher à nos écrans, et les personnes âgées sont impressionnées par notre virage informatique. Elles veulent savoir comment ça se passe.»

Dans Lanaudière, selon des données de l'Agence de santé, 8 médecins sur 10 (79%) sont informatisés, et plus de la moitié des cliniques (58%) fonctionnent comme celle du Dr Cadoret, un groupe de médecine familiale (GMF) où 11 médecins et 1 infirmière praticienne naviguent dans le système. Ces cliniques sont également branchées à un système qui permet de recevoir des résultats de laboratoire. La prochaine étape sera de les connecter aux pharmacies. Coût d'implantation pour la région: 500 000$.

«Mon plus gros problème, ce n'est pas le Dossier santé Québec (DSQ), soutient le ministre. Il faut convaincre les médecins d'utiliser les systèmes. Mon objectif, c'est que toutes les cliniques de la province soient branchées, à l'image de celle-ci, d'ici trois ans.»

Quant au DSQ, Yves Bolduc reconnaît qu'il y a de l'amélioration à faire, mais, selon lui, les critiques du vérificateur général concernant sa mise en oeuvre sont «choses du passé». «C'était il y a un an et demi, dit-il. Ce que je peux dire, aujourd'hui, c'est que d'ici cinq ans, tous les hôpitaux seront informatisés. Et bientôt toutes les pharmacies seront reliées. Notre équipe de travail sur le dossier de l'informatisation est stable, et on respectera les coûts.»