La Cité-de-la-Santé à Laval a atteint son «point de saturation», selon le directeur adjoint des services professionnels et hospitaliers, le Dr François Scarborough. C'est pourquoi, au cours de la dernière année, la durée moyenne du séjour aux urgences a augmenté de près de deux heures dans cet établissement de la banlieue montréalaise.

«Notre clientèle augmente depuis des années. Le nombre de personnes âgées et d'ambulances aussi. L'hôpital est complètement saturé, et cela a des conséquences», explique le Dr Scarborough.

Cette année, les quotas d'ambulances dans la grande région de Montréal ont été modifiés, entraînant de graves effets sur la Cité-de-la-Santé: chaque jour, trois ambulances de plus y arrivent. «Ça paraît sur les statistiques des urgences», note le Dr Scarborough.

La même situation a été observée à l'hôpital Royal Victoria du Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Le directeur des urgences, le Dr Jean-Marc Troquet, explique que le nombre quotidien d'ambulances est passé de 6,3 à 7. «Cela semble anodin, mais c'est majeur», dit-il.

Pour libérer les urgences, la Cité-de-la-Santé travaille actuellement à ajouter des ressources, dont des lits pour aînés et 40 lits de courte durée. Au CUSM, on a adopté un processus d'admission plus rapide. «Nos efforts ont été fructueux à l'Hôpital général, un peu moins à Royal Victoria», souligne le Dr Troquet.

En effet, la durée moyenne du séjour à l'Hôpital général de Montréal a diminué de 30 minutes cette année. Au Royal Victoria, l'attente a augmenté de 1h40. Mais le Dr Troquet nuance ces données, car les clientèles de l'Hôpital général de Montréal et du Royal Victoria sont très différentes. Dans le premier cas, la majorité des patients sont traités en traumatologie. «Ce sont des cas plus graves qui restent moins longtemps aux urgences, car ils sont dirigés rapidement aux soins intensifs», précise le Dr Troquet. À Royal Victoria, on compte plus de patients chroniques. Ces patients attendent d'être hospitalisés. «Chaque jour, environ 10 patients attendent qu'un lit se libère, dit le Dr Troquet. Ça surcharge les urgences.»

Dans Lanaudière, où les urgences des deux hôpitaux reçoivent encore une fois la note de D-, on se montre positif malgré une attente moyenne de 25 à 30 heures. L'agence de la santé et des services sociaux de Lanaudière mise sur l'ouverture de places en soins de longue durée et en ressource intermédiaire pour améliorer les choses.

«Lanaudière est la région où la croissance démographique est la plus forte, explique le président-directeur général de l'Agence, Jean-François Foisy. On tente donc de rattraper la démographie. Dans le secteur de l'hôpital Pierre-Le Gardeur, on a déjà annoncé la création de 108 places en soins de longue durée et de 113 places pour les personnes semi-autonomes.» Cette région devrait par ailleurs accueillir de nouveaux spécialistes dans les cinq années à venir, ce qui devrait contribuer à améliorer l'accès aux soins.

Faire plus

À l'Association québécoise des établissements de santé et de services sociaux (AQESSS), on estime que la performance générale des urgences stagne et qu'il faut faire encore plus d'efforts pour l'améliorer.

La directrice générale de l'AQESSS, Lise Denis, relève toutefois que la fréquentation des urgences a augmenté cette année, de même que le nombre de patients de 75 ans et plus et le nombre de patients sur civière. «Donc, dans l'ensemble, la performance des urgences n'est pas si mauvaise. On a même réussi à diminuer les séjours de plus de 48 heures. On a pris une bonne tendance. Il faut la maintenir.»

- Avec la collaboration de Sara Champagne