Les cafétérias scolaires n'ont pas encore pris le virage santé, selon une enquête sur l'offre alimentaire dans les écoles du Québec dont La Presse a obtenu les résultats. Les boissons sucrées, les mauvais gras et les desserts riches sont encore au menu, révèle l'équipe de Pascale Morin, professeure à l'Université de Sherbrooke. Quant aux légumes et aux céréales à grains entiers, ils se démarquent par... leur taux d'absentéisme.

«Plusieurs points positifs ont été soulevés, par exemple le fait que les fritures et les boissons gazeuses ne soient plus offertes quotidiennement, a indiqué Mme Morin. Mais il y a encore du travail à faire au regard des desserts ou de l'utilisation des gras.»

En vigueur officiellement depuis janvier 2008, la politique Pour un virage santé à l'école prévoyait l'élimination des aliments riches en gras et en sucre. C'est pour «permettre un suivi des progrès réalisés» que l'équipe de Mme Morin a visité 207 écoles de 11 régions administratives, entre octobre 2008 et juin 2009.

Constats

Les constats? Près de la moitié des écoles primaires et le quart des écoles secondaires n'offraient pas une portion de légumes suffisante dans l'assiette principale. Les fruits n'étaient, quant à eux, pas proposés dans des formes assez variées (frais, secs, en compote, etc.).

Les pâtes, le pain, le riz et autres produits céréaliers étaient raffinés dans plus de 90% des écoles secondaires et 87% des écoles primaires, plutôt que de grains entiers. La portion de viande servie en plat principal était adéquate au primaire, mais insuffisante dans 25% des écoles secondaires publiques et 20% des écoles secondaires privées. Un tiers des écoles secondaires vendaient du café, ce qui est interdit en dehors des lieux réservés au personnel.

Seule une école secondaire privée proposait toujours des boissons gazeuses ou énergisantes. «Mais il y avait une présence importante de boissons avec sucre ajouté ou édulcorant», lit-on dans un résumé publié dans la dernière parution du Bulletin PAG (Plan d'action gouvernemental de promotion des saines habitudes de vie).

«Beaucoup d'écoles offraient des desserts et collations susceptibles d'être élevés en gras et en sucre, selon la recette utilisée», d'après le Bulletin PAG. Par contre, les muffins, biscuits et barres tendres commerciaux emballés avaient de bonnes qualités nutritives.

Plusieurs écoles utilisaient pour la préparation des aliments des matières grasses qui augmentent le risque de maladies cardiovasculaires. Les fritures et les charcuteries, peu présentes dans les menus du jour, étaient encore offertes à la carte.

Les écoles ont besoin d'aide pour faire mieux

Bonne nouvelle: une forte majorité d'écoles accordaient suffisamment de temps aux élèves pour manger. Quant aux lieux des repas, ils étaient propres et bien aménagés. Mais le nombre de micro-ondes était insuffisant pour répondre à la demande au secondaire.

Pour améliorer la situation, il faudra aider davantage les écoles, selon Mme Morin. «On peut parler d'engagements financiers, mais également d'engagement des organismes partenaires pour prévenir l'essoufflement des responsables alimentaires», a-t-elle dit. Les cuisiniers devront enfin faire un effort «pour modifier les recettes traditionnelles sucrées ou grasses», a-t-elle souligné.

«J'espère que la situation s'est améliorée depuis 2009, a ajouté la chercheuse. Je pourrais vous le confirmer ou vous l'infirmer concrètement en reprenant la même enquête en 2012, 2013 ou plus tard.» Il reste à savoir si la suite de l'enquête sera financée.

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Quelques statistiques

> Portion de légumes insuffisante dans près de la moitié des écoles primaires et le quart des écoles secondaires.

> Présence importante de boissons avec sucre ajouté ou édulcorant.

> Aliments frits et charcuteries éliminés des menus du jour, mais toujours offerts à la carte.

> Plus de 90% des écoles secondaires et 87% des écoles primaires offrent des produits céréaliers (pâtes, pain, etc.) blancs plutôt que de grains entiers.

> Utilisation de matières grasses qui augmentent le risque de maladies cardiovasculaires dans plusieurs écoles.

> Portion de viande insuffisante dans 25% des écoles secondaires publiques et 20% des écoles secondaires privées.

> Café vendu dans le tiers des écoles secondaires.

> Nombre insuffisant de fours à micro-ondes par rapport au nombre d'élèves.

Source: 207 écoles de 11 régions administratives ont été visitées entre octobre 2008 et juin 2009 par l'équipe de Pascale Morin, de l'Université de Sherbrooke

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