Après des années d'attente, le coût du futur Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM), qui sera construit en partenariat avec l'entreprise privée (PPP), est enfin connu. Le gouvernement a annoncé hier que l'établissement de 772 lits coûtera 1,97 milliard de dollars.

Pour cette somme, le consortium Collectif santé Montréal s'occupera de la conception, de la construction, du financement et de l'entretien de l'hôpital. Le partenariat, d'une durée de 39 ans, se terminera donc 30 ans après la fin de la construction du CHUM, prévue pour 2019.

Au départ, le CHUM devait coûter 1,2 milliard de dollars. En décembre dernier, le gouvernement a haussé la limite budgétaire à 2,089 milliards. «Il y a eu négociations, et le coût est finalement inférieur à la limite permise», résume la porte-parole du CHUM, Lucie Dufresne. La présidente du Conseil du Trésor, Michelle Courchesne, estime que l'entente résulte de «négociations serrées» avec le gouvernement, qui est convaincu d'avoir «le meilleur projet au meilleur prix».

Rapport très attendu

Québec a également publié, hier, les conclusions du Comité de revue diligente formé l'automne dernier à la suite d'un rapport dévastateur du vérificateur général. Le vérificateur avait reproché au gouvernement de s'être fondé sur des hypothèses erronées pour favoriser le recours à l'entreprise privée au lieu de se charger lui-même de la maîtrise d'oeuvre.

Ce comité était formé de Daniel Roth, Alain Boisset et Henri Elbaz. Certains avaient mis en doute la neutralité de ses membres. Par exemple, M. Roth a siégé au conseil d'administration de l'Institut pour le partenariat public-privé.

Le rapport du comité de revue diligente publié hier conclut que le choix du partenariat avec le secteur privé était préférable et permet des économies de plus de 300 millions de dollars. Il fait plusieurs mises en garde. On écrit notamment que des données «sont sujettes à variation dans le temps et les variations pourraient vraisemblablement entraîner des changements aux conclusions». «Aussi bien dire que les comparaisons ne tiennent pas la route», plaide Pierre J. Hamel, chercheur à l'Institut national de la recherche scientifique (INRS).

Selon M. Hamel, le rapport «ne répond aucunement aux inquiétudes du vérificateur général». «Plusieurs données qui désavantageaient le comparateur public ont été conservées», affirme-t-il.

M. Hamel ne comprend pas que le mode de construction traditionnel soit systématiquement désavantagé. «On calcule que le stationnement coûtera 1,7 million de plus en mode traditionnel, que la centrale thermique coûtera 3 millions de plus... C'est curieux.»

Fellow associé au centre de recherche CIRANO, Jean-Pierre Aubry estime quant à lui que même si le coût est maintenant fixé, «il y a encore beaucoup de questions sans réponse». M. Aubry remarque par exemple que les ajouts qui devront être faits pour s'assurer que le CHUM évolue bien dans le temps n'ont pas été calculés dans les risques du PPP. «Le CHUM en PPP, c'est comme si on se faisait construire une maison par un promoteur et qu'on la payait au complet, mais que, dans le futur, on était obligé de faire rénover notre salle de bains par le même promoteur. C'est sûr qu'il en profiterait! On n'a pas calculé ce risque», dénonce M. Aubry.

Rappelons que le pendant anglophone du CHUM, le Centre universitaire de santé McGill (CUSM), est actuellement en construction en PPP pour la somme de 1,343 milliard.