Un peu plus de 40% des établissements de santé du Québec ne sont pas efficaces. Et la majorité d'entre eux sont incapables d'offrir rapidement une place en soins de longue durée à leurs patients âgés. Mais contrairement à la croyance populaire, l'accessibilité des centres de santé de la province est évaluée à 75%. Et la qualité des soins à 74%.



C'est ce qui ressort du premier rapport sur les performances des établissements de santé du Québec, publié mardi par l'Association québécoise des établissements de santé et de services sociaux (AQESSS). Près d'une centaine de centres de santé et de services sociaux (CSSS) sont évalués dans le document.

Trop de césariennes

Lise Denis, directrice générale de l'AQESSS, s'est dite «très heureuse» que les établissements de santé aient eu «le courage» de se faire comparer. En tout, 161 indicateurs ont été évalués en utilisant les données 2008-2009 de 95 CSSS. Aucun hôpital universitaire n'a encore été évalué. Mme Denis reconnaît que ce premier rapport n'est pas «facile à analyser» pour la population, mais elle promet d'améliorer l'outil pour sa prochaine parution, dans un an ou deux.

Alors que l'attente aux urgences fait régulièrement les manchettes, l'analyse de l'AQESSS démontre que l'accessibilité est satisfaisante dans la majorité des CSSS. En plus de l'attente aux urgences, le temps d'attente pour les interventions chirurgicales électives et pour les soins de santé mentale a été évalué. Selon Mme Denis, la note obtenue, de 75%, est respectable. «Ça montre que les établissements sont en marche. Qu'ils progressent. On voudrait avoir 100% partout, mais c'est irréaliste», dit-elle.

La justesse et la qualité des soins de même que la sécurité des lieux où ils sont donnés sont évaluées à 70% par l'AQESSS. En revanche, les performances des CSSS en obstétrique ne respectent pas les normes internationales. Au maximum, de 12% à 20% des accouchements devraient se terminer en césarienne, selon l'Organisation mondiale de la santé, un pourcentage que dépassent la plupart des établissements de santé québécois.

Problème majeur

Selon Mme Denis, la performance la moins satisfaisante des CSSS touche la coordination des soins. Par exemple, la majorité des hôpitaux mettent trop de temps à transférer les patients âgés vers les CHSLD. À Montréal, un seul CSSS n'enregistre pas un score faible pour ce critère. «Il faut rappeler que ce sont des données de 2008-2009. Certains changements ont pu être apportés», note Mme Denis, qui reconnaît toutefois que les délais pour trouver des places aux personnes âgées sont «un problème majeur» et que la situation à Montréal est «préoccupante».

Du côté de l'«efficience», 41% des CSSS sont plutôt faibles, c'est-à-dire que leur performance n'est pas à la hauteur des ressources dont ils disposent. Mme Denis refuse de critiquer ces établissements. «Certains sont très performants dans un secteur, mais doivent s'améliorer dans d'autres, dit-elle. Il faut voir ces chiffres comme une occasion d'amélioration.»

Les 95 CSSS évalués se sont fait remettre un rapport détaillé de leurs performances et de celles d'établissements comparables. Les CSSS ont été créés en 2005 par l'ancien ministre de la Santé, Philippe Couillard. Selon Mme Denis, plus personne ne reviendrait à l'ancien système de gestion. Au contraire, si le réseau de la santé était «plus décentralisé», les performances des établissements s'amélioreraient, selon elle.

Au cabinet du ministre de la Santé, Yves Bolduc, on se dit «content» que l'AQESSS se soit penchée sur la performance du réseau et «s'inscrive dans la culture de la performance» prônée par M. Bolduc. On refuse toutefois de commenter les résultats en détail puisqu'ils sont basés sur des données de 2008-2009 et que l'état de la situation a changé depuis.