Les médecins du Québec travaillent moins d'heures que leurs collègues du reste du Canada et soignent moins de patients chaque semaine. Et c'est au Québec que l'attente pour avoir un rendez-vous urgent ou non avec un médecin est la plus longue révèle le Sondage national des médecins, publié hier.

Environ 18 000 médecins spécialistes et omnipraticiens de partout au pays ont répondu à ce sondage, réalisé tous les trois ans par différentes associations médicales canadiennes. Selon l'enquête, les médecins canadiens travaillent en moyenne 51,4 heures par semaine en excluant les périodes de garde. Et c'est au Québec que la semaine de travail est la moins longue (48,43 heures) et que le nombre de patients vus au cours d'une semaine type est le plus faible. Les médecins québécois ne voient que 80 patients en moyenne contre 117 en Ontario et 115 en Colombie-Britannique.

Le porte-parole de l'Association médicale canadienne, le Dr Jean-Bernard Trudeau, reconnaît que le Québec traîne la patte. «Le Québec doit faire des progrès notamment dans l'organisation du travail», dit-il. Par exemple, l'informatisation des dossiers des patients doit s'accélérer, selon le Dr Trudeau. Actuellement, 56% des médecins québécois fonctionnent encore uniquement avec des dossiers papier contre 23% en Alberta. «Tu sauves jusqu'à 20% de ton temps chaque jour avec les dossiers informatisés. C'est important d'accélérer le développement», note le Dr Trudeau.

Le directeur de la planification à la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, le Dr Serge Dulude, estime qu'il est faux de prétendre que les médecins québécois travaillent moins. «On passe environ 40% de notre tâche de garde à l'hôpital. Dans les autres provinces canadiennes, les médecins ne font que 15% de leur tâche à l'hôpital. Si on tient compte de ces activités en établissements, nos semaines de travail sont beaucoup plus près de la moyenne canadienne selon moi», dit-il.

Clientèle lourde

Le nombre d'heures de soins directs aux patients offerts par les médecins canadiens est passé de 33,3 heures par semaine en 2007 à 32,7 aujourd'hui. Cette baisse est principalement attribuable au fait que le nombre de malades chroniques augmente, que les cas à traiter sont de plus en plus complexes et que le travail administratif et la paperasse sont en hausse selon le sondage.

À la question  «lorsqu'un patient vous est référé d'urgence, combien de temps doit-il attendre avant d'obtenir son premier rendez-vous?», c'est le Québec qui présente la plus longue attente. Seulement 39% des patients peuvent être vus le jour même contre 59% en Saskatchewan.

Au Canada, 61% des cas urgents sont vus en un jour par les médecins de famille comparativement à 65% en 2007. Et chez les spécialistes, l'accès en un jour ne se fait que dans 32% des cas contre 37% en 2007. Le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, le Dr Gaétan Barrette mentionne que l'accessibilité aux spécialistes est «un problème de gestion de ressources.» «C'est simple, poursuit-il, si on ne me donne pas les ressources pour opérer, je ne peux pas opérer.»

La situation n'est pas plus reluisante en ce qui concerne l'attente pour les soins non urgents. Les Canadiens attendent en moyenne trois semaines pour voir un omnipraticien et 12 semaines pour voir un spécialiste. Le Québec est encore une fois le dernier de la classe à ce sujet alors que seulement 11% des patients ont accès à un médecin en moins d'une semaine quand leur situation n'est pas urgente.