Convaincue que son mari était victime de négligence au centre d'hébergement Champlain des Pommetiers, à Beloeil, Jacqueline Rioux a caché une caméra dans sa chambre. Les images qu'elle a recueillies l'ont profondément choquée.

«C'est aberrant, ce qui se passe. Je n'en reviens pas! Je n'irais jamais là», a-t-elle déclaré mercredi lors d'une conférence de presse.

Sur les extraits de la vidéo qui ont été remis aux journalistes, une employée de ce CHSLD privé s'adresse au patient en ces termes: «Tombe, tombe, fais-toi mal, tu vas aller à l'hôpital, chu tannée.»

L'homme de 68 ans, visiblement désorienté, est atteint à la fois de la maladie de Parkinson et de démence à corps de Lewy, ce qui cause des problèmes cognitifs, des tremblements et des problèmes d'équilibre qui le mettent à risque de tomber souvent.

Après avoir reçu un diagnostic erroné d'épilepsie à l'hôpital Honoré-Mercier, en septembre 2010, il est retourné au CHSLD avec une ordonnance de médicaments qui ont augmenté ses tremblements et, par le fait même, les risques de chute. Au cours des 6 mois suivants, il est tombé plus de 45 fois, souvent sans qu'aucun employé du CHSLD ne vienne à son secours, comme le révèlent les extraits vidéo. À plusieurs reprises, son corps est couvert d'ecchymoses, de lacérations et de plaies.

Selon l'avocat de la famille, Me Jean-Pierre Ménard, les chutes représentent le quart des accidents qui surviennent dans le système de santé. Chez les personnes âgées, les conséquences peuvent être mortelles. Il réclame donc la mise en place de dispositifs de sécurité pour prévenir les chutes et des directives fermes de la part du ministère de la Santé et des Services sociaux.

Caméras cachées

Me Ménard va même plus loin et incite les familles à utiliser les caméras cachées: «On ne dit pas à tout le monde d'en installer, mais si vous avez des doutes sur la qualité des soins, n'hésitez pas à vous servir d'un dispositif comme celui-là. Ce n'est pas illégal et c'est utilisable en preuve.»

La famille poursuit le CHSLD ainsi que deux médecins pour 91 000 $.

De son côté, la direction du centre d'hébergement Champlain des Pommetiers assure qu'elle n'était pas au courant du comportement de ses employés. «Nous allons identifier la personne, faire une enquête et décider de la mesure à prendre.», a dit la directrice régionale, Anne Beauchamp.

Le centre espère cependant que la profession ne sera pas stigmatisée. «Notre personnel a été choqué par les images, a ajouté Mme Beauchamp. Les gens qui ont choisi de travailler ici avec les personnes âgées les aiment. La caméra cachée traduit qu'il y a quelque chose qui ne fonctionne pas.»