Trouver un médecin à ceux qui n'en ont pas et désengorger les urgences québécoises: la tâche que s'est fixée Hanna Nicolas est grande. Mais le jeune docteur ne doute pas que sa plate-forme Elodoc, mise en ligne la semaine dernière, permettra d'atténuer les maux du système médical québécois.

«Le but est vraiment d'informer les patients sur leurs problèmes de santé, de diminuer le temps d'attente dans les urgences et d'aider les gens à trouver des médecins», dit le jeune homme âgé de 28 ans, qui est coordonnateur médical pour la région de Laval et qui travaille aux urgences à la Polyclinique Concorde Laval.

C'est dans l'exercice de sa profession que le Dr Nicolas a constaté que les urgences accueillaient surtout des patients qui pourraient éviter de s'y rendre. «Le problème principal que je rencontre, ce sont des gens qui ont besoin d'être rassurés par rapport à leurs problèmes de santé», explique-t-il.

Ainsi est né elodoc.com, un portail qui souhaite fournir en 24 heures des réponses de médecins aux internautes et aider ces derniers à trouver, près de chez eux, un médecin de famille. Le site offre aussi un panorama des temps d'attente pour les urgences et les chirurgies. «Ces informations sont disponibles sur le site du ministère de la Santé, mais elles sont très difficiles à trouver, indique le Dr Nicolas. Ce que je fais, c'est offrir des liens.»

Une telle plate-forme pourrait être une initiative gouvernementale, croit le médecin. «C'est clair. Le défaut du gouvernement, c'est qu'il y a plusieurs paliers de fonctionnaires à passer avant d'arriver à une idée. Moi, je suis seul, et je n'ai pas à passer par des fonctionnaires qui vont me dire quoi faire. Je fais ce qu'il me semble le plus raisonnable ou le plus intelligent par rapport au système qu'on m'a présenté», poursuit-il.

Lacunes

Le système de santé québécois souffre de graves lacunes, selon lui. «Qu'on en soit rendus là au Québec, c'est la faute de ce qu'il s'est passé en 1995 avec le gouvernement de Lucien Bouchard [et des médecins qui n'ont pas été remplacés, ndlr]. Mais je pense qu'une plate-forme comme celle-là va aider le système québécois d'une belle manière.»

Le site elodoc.com devrait gagner en popularité, espère le Dr Nicolas qui n'a pourtant pas l'ambition que l'internet se substitue à un médecin de famille en chair et en os. «Au contraire. Le but est de rendre le médecin de famille encore plus présent auprès de la population en général», précise-t-il.

Des intentions qui ne semblent pas convaincre le ministre de la Santé, Yves Bolduc, qui a jugé lundi qu'Elodoc aurait un effet «nul» sur l'achalandage aux urgences. «Les gens qui attendent sur les civières à l'urgence sont très malades. Le site ne les aidera pas. C'est bien de pouvoir obtenir de l'information sur la santé. Mais il y a déjà des sites qui font ça et Info-Santé», a-t-il dit.

La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) a pris connaissance du projet, mais émet des réserves à son égard.