Quand on leur demande le poids et la taille de leur enfant, les parents ont tendance à voir leur rejeton plus léger et plus petit qu'il ne l'est en réalité. L'écart avec la réalité est tel que la moitié des jeunes de 6 à 11 ans qui sont évalués comme ayant un poids «normal», comme «faisant de l'embonpoint» ou comme étant «obèse» sont mal catégorisés, révèle une nouvelle étude de Statistique Canada.

Il y a trois ans, une analyse de Statistique Canada avait montré que les adultes canadiens avaient tendance à sous-évaluer leur poids et surévaluer leur taille. Le taux d'obésité au pays était de 18% si l'on se fiait à la parole des répondants. Mais quand Statistique Canada mesurait précisément leur taille et leur poids, le taux d'obésité était plutôt de 25%. Un écart notable.

Statistique Canada a voulu savoir si le taux d'obésité chez les enfants subissaient le même écart. On a tenté de savoir si les parents évaluent correctement la taille et le poids de leurs enfants.

Plusieurs familles ont été sondées entre mars 2007 et février 2009. Dans un premier temps, on demandait aux parents d'inscrire dans un document la taille et le poids de leur enfant. Dans les jours suivants, les parents devaient amener leur petit dans une clinique pour qu'il y subisse une série de mesures physiques. L'indice de masse corporelle (IMC) a été calculé en utilisant les données déclarées et les données mesurées.

IMC trop élevé

Selon Statistique Canada, les parents ont sous-estimé la taille de leur enfant d'en moyenne 3,3 cm, et son poids de 1,1 kg. Le fait que les parents sous-estiment grandement la taille de leurs petits a la conséquence suivante: l'IMC déclaré par les parents est généralement plus élevé que celui fondé sur les valeurs mesurées.

La preuve, 11,7% des enfants de 6 à 11 ans sont classés comme étant obèses d'après les valeurs déclarées par les parents. Mais si on utilise les valeurs mesurées en clinique, le taux d'obésité chute à 5,6%. «De nombreux enfants classés comme étant obèses selon la taille et le poids déclarés par les parents en réalité avaient seulement de l'embonpoint ou avaient même un poids normal», note Statistique Canada dans son rapport.

Pourquoi les parents voient-ils leur enfant plus petit qu'il ne l'est en réalité? «On pense que c'est surtout parce que les parents se souviennent de la dernière fois qu'ils ont mesuré leur enfant. Des fois, ça remonte à longtemps. Et parce que les enfants grandissent, les données sont plus souvent erronées», explique Didier Garriguet, porte-parole à Statistique Canada.

Les réponses des parents sont toutefois si variables, qu'au final, Statistique Canada estime qu'il n'y a que très peu d'écart entre le taux d'obésité calculé en fonction des données mesurées par rapport à celui calculé avec les données déclarées. «Mais les effets sur la classification sont notables. La moitié des enfants sont mal catégorisés», note M. Garriguet.