Dans son rapport rendu public hier, la protectrice du citoyen dénonce le manque de contrôle de la qualité dans les résidences pour personnes atteintes de déficience intellectuelle et de trouble envahissant du développement (TED). En avril 2010, un inspecteur a noté que certains pensionnaires d'une ressource intermédiaire à Oka souffraient de dénutrition. La protectrice du citoyen estime que de telles situations sont inacceptables.

La résidence Dessources-Lapierre, à Oka, accueillait cinq personnes atteintes de déficience intellectuelle grave. L'établissement avait un contrat avec le Centre de réadaptation en déficience intellectuelle (CRDI) Miriam, à Montréal.

Le 30 avril 2010, un inspecteur de la protectrice du citoyen y a fait des découvertes qui glacent le sang. Il note d'emblée qu'il n'y a qu'une seule employée avec les cinq pensionnaires, qui ont pourtant «des besoins complexes» et qui sont «lourdement handicapés». Les lieux sont délabrés. «Tout est en vinyle, vieux, défraîchi», écrit l'inspecteur. Une forte odeur d'urine flotte dans l'air. Les pensionnaires sont repliés sur eux-mêmes et ne font rien.

L'un d'eux est assis sur une petite chaise droite dans la cuisine et a une «lésion fraîche sur toute la largeur de la lèvre inférieure». Il dit qu'il est tombé et qu'il a mal. Un autre est assis dans une chaise en vinyle. Son dos est entièrement mouillé, la preuve, selon l'inspecteur, qu'il n'a pas bougé de ce siège depuis longtemps.

Dans la cuisine, les frigos sont presque vides. «Ils ne contiennent ni pain, ni lait, ni oeufs, ni beurre, ni jus, ni autres denrées fraîches, que ce soit des fruits ou des légumes [...]. Les signes physiques observés chez certains des usagers pourraient être associés à un état de dénutrition.»

«Laissés à eux-mêmes»

Depuis 2005, le centre Dessources-Lapierre a pourtant reçu plusieurs visites: un gestionnaire de cas du CRDI Miriam s'y rendait chaque mois. Dans un rapport datant de 2009, il a signalé que les pensionnaires étaient «laissés à eux-mêmes et passaient leur journée dans le salon à ne rien faire». Il y a aussi eu une visite d'appréciation ministérielle en 2007.

Mais la situation n'a jamais été corrigée, déplore la protectrice du citoyen, qui exprime de forts doutes sur l'efficacité des visites d'appréciation du ministère de la Santé. Le CRDI Miriam a fermé la résidence Dessource-Lapierre au printemps 2010. La protectrice du citoyen a quant à elle instauré une veille sectorielle sur la qualité des services dans les ressources d'hébergement non institutionnelles pour les personnes ayant une déficience intellectuelle ou un TED.