Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Yves Bolduc, donne son feu vert à l'implantation de sites d'injection supervisée pour toxicomanes. Les projets des organismes Cactus, à Montréal, et Point de repères, à Québec, devront toutefois faire consensus pour aller de l'avant.

La population, les autorités municipales, les corps de police et les centres de santé et de services sociaux, entre autres, devront être consultés. «L'acceptabilité sociale» est la «principale condition» pour que des centres d'injection supervisée voient le jour, a indiqué Yves Bolduc hier. Il n'a pas précisé la forme que devraient prendre les consultations.

Le ministre prenait officiellement position pour la première fois depuis un jugement rendu par la Cour suprême le 30 septembre. Le plus haut tribunal du pays a rabroué le gouvernement Harper en statuant que de refuser à la clinique Insite de Vancouver de poursuivre ses activités violait le droit à la vie garanti par la Charte canadienne. Il a ainsi légitimé les centres d'injection.

Yves Bolduc a rappelé que la Cour suprême considère que la toxicomanie est une maladie et que l'ouverture d'un centre d'injection supervisée sauve des vies sans entraîner une hausse de la criminalité aux alentours.

Le ministre a rencontré les responsables de Cactus et de Point de repères pour leur annoncer sa position. Il y a près d'un an, Cactus avait manifesté l'intention d'ouvrir un site d'injection au centre-ville dès le printemps. Mais le projet a piétiné en raison «d'opposants», disait un responsable de l'organisme en juin. La Direction de la santé publique de Montréal a alors créé la Table d'implantation des lieux d'injection supervisée où siègent des organismes, des commerçants et des voisins. Ce groupe de travail doit produire un rapport d'ici la fin de l'année sur le projet de Cactus et son «acceptabilité» au centre-ville. Notons que la Direction de la santé publique s'est déjà prononcée en faveur de l'implantation d'un centre d'injection supervisée.

Les démarches préalables à l'ouverture d'un centre prendront plusieurs mois, a prévenu le ministre Bolduc. «Tout le monde est d'accord pour dire qu'il faut prendre le temps de bien faire les choses. Il n'y a pas d'urgence actuellement», a-t-il affirmé.

M. Bolduc a informé les maires de Montréal, Gérald Tremblay, et de Québec, Régis Labeaume, de sa prise de position.