Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, est ouvert à l'idée de rendre le baccalauréat obligatoire pour la pratique infirmière au Québec. Du même souffle, il entend accélérer l'implantation des infirmières praticiennes spécialisées dans le réseau de la santé, en allant même jusqu'à créer des spécialités en oncologie, a-t-il dit, mardi, lors du congrès annuel de l'Ordre des infirmières (OIIQ).

«C'est certain qu'on ne peut pas obliger les infirmières qui possèdent une formation collégiale aujourd'hui à obtenir un bac demain matin, a précisé le ministre. Mais on peut arriver à un modèle sur plusieurs années. Mon ouverture en est une de réflexion, mais je pense qu'il y a une ouverture de la part des infirmières pour aller en ce sens.»

À ce sujet, la présidente de l'OIIQ, Gyslaine Desrosiers, a dit souhaiter un «point de départ» afin d'y parvenir. «Au Québec, on a 10 ans de retard sur les autres provinces en matière de formation, a-t-elle rappelé. Il n'est pas question de négocier sur la place publique, mais ça reste à discuter.»

La présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), Régine Laurent, qui a assisté au congrès, affirme que l'Ordre les force à réfléchir à la question. «Ça ne nous laisse pas le choix, mais on a d'autres priorités comme l'organisation du travail. Nous ne prenons donc pas de position. Et surtout, ce qu'il faut retenir, c'est que ça prend du temps.»

Au Québec, on estime qu'environ 30% seulement des infirmières possèdent une formation universitaire. Les autres ont suivi une formation collégiale. Il est donc clair que la province ne peut pas exiger un baccalauréat du jour au lendemain.

Quant au dossier des infirmières spécialisées, le ministre est resté vague sur ses intentions, mais il souhaite manifestement accélérer leur implantation.

«On devait en former 500 au cours des sept prochaines années. On avait des difficultés au niveau des programmes de formation pour en admettre davantage. Et ce qu'on voit, c'est que c'est très populaire, il y a une demande dans le réseau. Donc, sans dire qu'on va le faire demain matin, on va voir s'il n'y a pas moyen d'accélérer l'implantation des infirmières spécialisées dans le réseau.»

Invité au congrès de l'OIIQ, le Secrétariat international des infirmières et infirmiers de l'espace francophone a pris position en faveur de la formation universitaire obligatoire pour les infirmières du Québec. En se basant sur ce qui se fait dans le monde, l'organisation estime qu'il est nécessaire d'avoir une filière universitaire complète, du premier au troisième cycle. Notamment en raison des grands défis en soins que représente la prise en charge des maladies chroniques, des troubles mentaux, du vieillissement de la population, de la persistance des maladies transmissibles, de la mortalité maternelle et infantile, des habitudes de vie nuisibles et des inégalités en santé.