Pour la première fois en huit ans, les hôpitaux et les autres établissements de santé de la région de Montréal présentent un déficit non autorisé. Ils n'ont pas réussi à respecter leur objectif déficitaire de 43,1 millions de dollars et ont accumulé un manque à gagner de 17,2 millions de plus. En tout, huit établissements n'ont pas respecté leur déficit autorisé, dont l'hôpital du Sacré-Coeur, le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) et l'Institut de cardiologie de Montréal.

Dans le dernier rapport annuel de l'agence de la santé et des services sociaux de Montréal, on explique que le déficit global de 2010-2011 est principalement attribuable à deux établissements: l'hôpital du Sacré-Coeur et le centre de santé et de services sociaux (CSSS) de l'Ouest-de-l'Île, qui gère l'hôpital général du Lakeshore.

L'hôpital du Sacré-Coeur a dépassé à lui seul son objectif budgétaire de 13,1 millions. Cette situation est en grande partie due à la hausse du volume d'activité. La porte-parole de l'établissement, Josée-Michelle Simard, explique que les activités de traumatologie ne cessent d'augmenter. «On fait aussi de plus en plus de chirurgies bariatriques. Et comme plusieurs autres établissements, nos volumes en oncologie augmentent avec le vieillissement de la population», explique Mme Simard.

Le CSSS de l'Ouest-de-l'Île a pour sa part présenté un déficit de 10,5 millions, alors qu'il devait atteindre l'équilibre budgétaire. «Le déficit de l'exercice 2010-2011 s'explique principalement par une baisse de revenus de 12,4 millions par rapport à 2009-2010, essentiellement dû à une diminution des revenus de l'Agence et du MSSS», explique la porte-parole du CSSS, Marie-Josée Labrosse.

Ces deux établissements ont obtenu une autorisation d'emprunt pour éponger leurs déficits, indique le directeur des finances à l'agence de la santé de Montréal, François Lemoyne. Ils ont également dû préparer des plans de retour à l'équilibre budgétaire.

L'hôpital du Sacré-Coeur a par exemple demandé un financement récurrent supplémentaire de 8,5 millions par année. «Et on ira chercher 6,6 millions par année grâce à notre plan d'optimisation de performance», note Mme Simard. Ce plan ne doit toutefois pas prévoir de coupes de services à la population, précise M. Lemoyne.

Aide financière

Six autres établissements de santé de Montréal ont présenté des déficits supérieurs à leur objectif autorisé soit le CUSM, l'Hôpital général juif, le Centre hospitalier de St. Mary, l'hôpital Santa Cabrini, le CHSLD juif de Montréal et l'Institut de cardiologie de Montréal. Mais ces établissements ont pu bénéficier d'un soutien financier spécial de l'agence.

«D'année en année, on a une enveloppe pour les dépenses imprévues. Ça nous permet d'offrir un soutien financier à certains. Mais ces établissements qui reçoivent notre aide doivent nous présenter un plan de retour à l'équilibre budgétaire», explique M. Lemoyne. En tout, 34,6 millions de dollars en aide ont été distribués.

Alors que plusieurs établissements n'ont pas atteint leur objectif budgétaire, d'autres ont réalisé des surplus. «En tout, ils ont accumulé 6,2 millions. Ce qui permet d'afficher un déficit total de 17,2 millions», explique M. Lemoyne. Ce dernier reconnaît que si les établissements de santé étaient financés en fonction de leur volume d'activité, l'attribution des budgets serait plus transparente. «Mais il n'y aurait pas nécessairement plus d'argent à Montréal. Ce que je donnerais à l'un, je devrais l'enlever à l'autre», dit-il.

Aide financière accordée aux établissements déficitaires :

> Hôpital Santa Cabrini: 258 000 $

> Institut de cardiologie de Montréal: 8,1 millions

> CUSM: 9,5 millions

> Hôpital général juif: 7,4 millions

> C.H. de St. Mary: 4 millions

> CHSLD juif de Montréal: 290 000 $

Total: 34,5 millions