Philippe Couillard, ancien ministre de la Santé du Québec, n'est pas d'avis que les médecins de famille ne travaillent pas assez. Interrogé à ce sujet à sa sortie d'un discours sur sa vision de la santé devant la chambre de commerce de Montréal, il s'en est pris indirectement à François Legault et à Gaétan Barrette, président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), qui ont soutenu au cours des derniers jours que les omnipraticiens n'en font pas assez.

«C'est insultant pour les gens qui travaillent très fort. On ne peut pas dire quelque chose comme ça sur la place publique sans blesser les omnipraticiens. C'est une affirmation totalement gratuite. Il y a des médecins de famille qui travaillent très fort au Québec», a-t-il affirmé.

M. Couillard, maintenant conseiller stratégique chez Secor, croit plutôt qu'il faut se demander si la médecine familiale est suffisamment valorisée au Québec. «Il faut se demander si le système dans lequel nos médecins pratiquent donne envie à ceux qui ont un niveau d'activité moyen d'aller un peu plus loin. C'est ça qu'il faut se poser comme question», dit-il.

Philippe Couillard, qui a géré la santé durant cinq ans au Québec, est favorable au paiement selon la performance. À l'instar du directeur général du CHUM, Christian Paire, il affirme que ce mode devrait s'appliquer aussi pour le financement des hôpitaux, tant ruraux qu'universitaires.

«Il y a actuellement un mouvement de paiement selon la performance qui est appelé à s'accentuer au Canada. L'Ontario et la Colombie-Britannique sont en train d'étudier ça. Le message que la société veut envoyer, c'est que le paiement qu'on reçoit doit être basé sur le nombre de patients qu'on voit, oui, mais également, et surtout, sur la qualité et les résultats obtenus», dit-il.

Il prévient toutefois qu'il ne faut pas perdre de vue la qualité en misant sur la performance. «Il faut faire attention à la façon dont on gère la demande. Il faut faire circuler les fonds à partir de la première ligne, par exemple, et fonctionner à partir de la qualité et non du nombre de procédures accomplies.»

Maintenant loin des projecteurs, Philippe Couillard écarte tout retour à la politique. Il a expliqué qu'il n'a pas eu tout le temps voulu durant ses cinq ans en tant que ministre pour atteindre ses objectifs en santé, et qu'il est maintenant temps de s'attarder à la rémunération des professionnels de la santé et au financement.