Jacques Drolet, 83 ans, est accusé d'avoir agressé sexuellement trois aînées entre septembre 2008 et janvier 2010 à la Villa Ste-Foy, la résidence pour personnes âgées qu'il habitait à Québec. L'une de ces présumées victimes, Yvette Dugal, dit avoir été agressée le 15 décembre 2009. Elle a alors dénoncé l'agression à la direction de l'établissement. Mais un mois plus tard, M. Drolet aurait fait une autre victime.

Selon Mme Dugal, 84 ans, M. Drolet l'aurait abordée dès son arrivée à la résidence. «Il était toujours bien habillé. Il semblait être le roi de la place. Chaque fois que je prenais l'ascenseur, il était là et il me parlait. C'était un homme charmant. Il chantait la messe», raconte Mme Dugal. Désireuse de se faire des amis dans sa nouvelle résidence, Mme Dugal discutait avec l'homme. Le 15 décembre 2009, elle l'aurait invité à aller dans sa chambre pour observer le panorama de la ville. «J'ai été trop naïve», dit aujourd'hui Mme Dugal.

En se rendant à sa chambre, Mme Dugal aurait remarqué que M. Drolet, habituellement si bavard, ne parlait plus. L'agression sexuelle aurait eu lieu à l'intérieur de la chambre. «Il m'a sauté dans le dos comme un félin, raconte la dame, qui se déplace à l'aide d'un déambulateur. Je ne pouvais pas me défaire.»

Ébranlée par les événements, Mme Dugal ne savait pas quoi faire. «J'avais honte», dit-elle. Dans les jours suivants, elle aurait porté plainte à la direction de son établissement. Selon Mme Dugal, très peu de mesures ont été prises pour l'empêcher d'être en contact avec M. Drolet. «Je mangeais seule, à une table à part. Mais mon agresseur continuait de m'intimider. Il me suivait. Il me regardait de trop près, dit-elle. J'en parlais. Mais la direction me disait de me faire une carapace et d'arrêter d'en parler aux autres.»

Au jour de l'An, Mme Dugal a craqué. Elle a parlé à son fils. Ce dernier l'a incitée à porter plainte à la police, ce qu'elle a fait le 25 janvier 2010. Entre-temps, une autre personne de 78 ans aurait subi une agression sexuelle commise par M. Drolet le 21 janvier 2010, après que Mme Dugal eut averti la direction.

Mme Dugal a porté plainte au commissaire aux plaintes de sa région. Dans la lettre de conclusions datée du 28 septembre 2010, le commissaire Denys Bernier écrit que le directeur de la Villa Ste-Foy, Jacques Croteau, n'a pas agi correctement.

Rencontres avec le suspect

M. Croteau a rencontré le présumé agresseur le 17 décembre 2009 et le 16 février 2010 pour lui dire de rester loin de Mme Dugal. Mais le commissaire estime que ces rencontres «ne semblent pas tenir compte qu'une agression physique à caractère sexuel est un acte criminel qui exige des gestes en conséquence» et qu'une «simple remontrance» ne reflète pas «la gravité des gestes». M. Bernier estime que Mme Dugal «n'a pas reçu de la part du directeur de la Villa Ste-Foy l'aide et l'accompagnement qu'elle aurait dû recevoir».

Ce n'est finalement qu'en mai 2010 que M. Drolet aurait quitté la résidence. Des accusations ont été déposées contre lui au palais de justice de Québec. L'homme aura son procès en mars. En plus des cas survenus en 2009 et en 2010, une autre résidante a porté plainte pour agression sexuelle et introduction par effraction pour des événements survenus entre le 1er septembre et le 1er octobre 2008 à la Villa Ste-Foy.

Le directeur se défend

Le directeur Jacques Croteau travaille depuis 22 ans auprès des personnes âgées et dit que c'est la première fois qu'un événement du genre se produit. Il explique que la situation est «délicate» et qu'il «ne veut pas trop commenter» l'affaire. Mais il estime «avoir fait les choses convenablement». «Si vous aviez connu cet homme, ça vous aurait surpris, dit-il. On a fait ce qu'il fallait.» M. Croteau explique qu'il était difficile de savoir qui avait raison dans la situation qui lui a été exposée. «Quand c'est une personne contre une autre, il faut faire attention avant d'accuser» quelqu'un, dit-il, tout en martelant «avoir bien agi là-dedans».

Mme Dugal estime quant à elle qu'il est important que les personnes âgées qui habitent en résidence privée pour aînés soient alertes. «On ne pense pas qu'il peut y avoir des agresseurs dans ces résidences. Mais c'est possible. Il faut faire attention», dit-elle. Surtout, elle estime qu'il faut croire les aînés qui signalent avoir été agressés.