La pénurie de psychologues dans le réseau de la santé est telle que le ministère de la Santé du Québec a décidé, peu avant Noël, de leur accorder des primes de 12% à 15% jusqu'en 2015. Dans les milieux scolaires, où le manque de psychologues est tout aussi grand, on craint que cette nouvelle mesure ne pousse plusieurs psychologues à délaisser les écoles pour aller travailler dans les établissements de santé et de services sociaux.

Selon la circulaire gouvernementale publiée le 19 décembre, la pénurie de psychologues est l'une des plus criantes dans le réseau de la santé. «Le déficit projeté en 2012-2013 atteindra 320 psychologues, soit 13% de l'effectif en place. Cette situation atteindrait 18,1% de l'effectif en place en 2014-2015», est-il écrit.

Pour «assurer les services requis à la population», Québec versera dès le 29 janvier des «primes de rétention» aux psychologues du système de santé public. Ainsi, les psychologues qui travaillent au moins 56 heures par période de paie dans un établissement public recevront une prime de 12%. Ceux travaillant 70 heures recevront une prime de 15%.

Président de l'Association des psychologues du Québec, Charles Roy se dit très satisfait de l'obtention de cette prime, qui s'avère être «une solution temporaire, mais intéressante».

Secrétaire général de l'Ordre des psychologues du Québec, Stéphane Beaulieu estime que les primes seront une bonne nouvelle si elles permettent réellement de «maintenir ou même améliorer les services à la population».

Depuis 2006, tout psychologue doit posséder un doctorat pour pratiquer au Québec. Or dans le milieu de la santé, les salaires offerts aux psychologues sont équivalents à ceux offerts à des employés bacheliers. Des négociations sont en cours pour «corriger cette injustice», mentionne M. Roy.

Par ailleurs, M. Roy explique que les primes offertes aux psychologues du réseau de la santé pourraient avoir un effet pervers sur le réseau scolaire. Déjà aux prises avec une grave pénurie de psychologues, les écoles pourraient voir leur situation empirer si plusieurs professionnels, alléchés par les primes, décidaient de faire le saut dans des établissements de santé.

Une situation redoutée par l'Ordre des psychologues, qui affirme que le ministère de l'Éducation est au courant de l'octroi de primes en santé et pourra faire de même s'il le juge opportun.