Le nouveau Centre universitaire de santé McGill (CUSM), construit au coût de 2,2 milliards à Montréal, ne comptera aucun lit réservé à la clientèle âgée en attente d'hébergement, a appris La Presse. Or, en 2010-2011, 239 des 1300 lits de l'établissement actuel ont été occupés par cette clientèle. Et la mesure mise en place par le gouvernement pour libérer les lits occupés par les aînés dans l'ensemble des hôpitaux montréalais n'a pas encore porté ses fruits. Où iront ces patients quand le nouvel hôpital ouvrira ses portes en 2015?

La porte-parole du CUSM, Rebecca Burns, justifie la disparition de lits de longue durée dans le nouveau CUSM par le fait que l'établissement entamera sous peu des démarches liées au «Programme 68» et n'aura donc plus besoin de lits pour soigner les aînés en attente d'hébergement. «Cette clientèle sera hébergée ailleurs», dit-elle.

Le «Programme 68» est une initiative de l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, entreprise il y a un an et demi. L'objectif de ce programme était de libérer l'ensemble des lits des hôpitaux occupés par des patients âgés en attente d'hébergement. Ces personnes devaient être déplacées vers des ressources intermédiaires, des centres d'hébergement ou des centres de réadaptation.

Or, pour l'instant, les effets du «Programme 68» ne se font pas sentir. Jeudi dernier, à l'Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal, 47 personnes âgées en attente d'hébergement et 33 en attente de réadaptation occupaient des lits de soins aigus. «On dispose de 25 lits - selon le permis - pour cette clientèle», a indiqué la porte-parole de l'établissement, Josée-Michelle Simard. À l'hôpital du Lakeshore, 8 personnes étaient dans la même situation, à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, 16 et au CUSM, 57. Au Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM), 38 personnes attendaient une place en hébergement et 18 en réadaptation.

Le principal problème causé par la clientèle âgée en attente d'hébergement est qu'elle accapare pendant plusieurs jours des lits de soins aigus dans les hôpitaux. Au CUSM, le dernier rapport annuel révèle que ces patients restent en moyenne 188 jours à l'hôpital. Une éternité.

Ces lits occupés ne sont pas disponibles pour les autres patients. Conséquences: des chirurgies doivent être reportées et les urgences débordent. Récemment, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, répétait que le désengorgement des urgences à Montréal passe en grande partie par la libération des lits occupés par des patients âgés dans les hôpitaux.

L'adoption du «Programme 68» n'a jusqu'à maintenant pas permis de régler le problème des patients âgés dans les hôpitaux. À l'agence de Montréal, on refuse de parler du «Programme 68» et de son efficacité, sous prétexte que le programme «sera revu bientôt».