Éviter les salles d'attente des cliniques sans rendez-vous, c'est simple. Encore fallait-il trouver l'algorithme pour y parvenir. Cinq jeunes entrepreneurs pensent l'avoir trouvé. Ils ont mis au point un système qu'ils espèrent implanter d'ici peu dans les cliniques sans rendez-vous de Montréal et, éventuellement, dans toute la province.

Il s'agit d'une borne électronique qui, moyennant 3$, achemine aux patients qui préfèrent attendre ailleurs qu'au cabinet du médecin un texto ou un message vocal pour leur dire que c'est bientôt leur tour. «C'est un «self check-in», explique Jean-Philippe Rivel, l'un des entrepreneurs, cofondateur de la firme ChronoMetric. On peut toujours choisir de prendre un numéro, de s'asseoir et d'attendre sur place. L'utilisation de la borne n'est pas obligatoire, mais notre système permet aux patients de gérer leur attente à la clinique sans rendez-vous.»

M. Rivel ne veut pas dévoiler les secrets de son algorithme, de peur d'attiser la convoitise des géants des télécommunications, mais il explique que le système émet trois alertes aux patients: la première quand il reste 10 patients, la deuxième quand il n'y a plus que 5 patients, et la dernière quand il n'en reste plus que 2. En raison du triage dans les urgences, les entrepreneurs ne croient toutefois pas que leur système puisse s'appliquer aux hôpitaux. Mais ils sont ambitieux et ne désespèrent pas de trouver une solution aux attentes interminables dans les urgences.

Quant aux frais de 3$ associés au service, M. Rivel fait remarquer que c'est moins cher que la plupart des places de stationnement au centre-ville, et environ le même prix qu'un muffin et un café. «Nous croyons que ça n'a pas de sens de passer la journée à attendre dans une clinique, surtout quand on est malade. On ne peut rien contre notre facture d'électricité ou les taxes, mais nous pouvons redonner le pouvoir aux gens quand ils doivent attendre pour voir un médecin.»

Si tout va comme prévu, les premières bornes électroniques pourraient faire leur apparition d'ici au printemps dans une ou plusieurs cliniques de la région métropolitaine. Jean-Philippe Rivel et ses associés ont déjà tâté le terrain du côté du ministère de la Santé et de l'agence de la santé et des services sociaux de Montréal. Au Ministère, on explique que rien n'empêche les cliniques d'acquérir un système de ce genre. Les patients ne doivent toutefois pas faire l'objet de discrimination et doivent être informés des coûts. Le son de cloche est le même à l'agence de la santé et des services sociaux de Montréal. «On n'a pas notre mot à dire dans les choix des cliniques, explique Geneviève Bettez, porte-parole. Mais il est clair que tout ce qui améliore l'accès aux soins est une bonne nouvelle.»

À la clinique médicale 1851, rue Sherbrooke Est, on n'a pas encore entendu parler du concept, mais la direction est ouverte. On y fait d'ailleurs déjà des efforts pour éviter les longues attentes aux patients. «Nos patients peuvent voir sur Facebook quels médecins sont de garde et quelles sont leurs disponibilités. Ils peuvent aussi s'enquérir du temps d'attente approximatif auprès des réceptionnistes», explique Pamela Gagnon, gestionnaire de ce groupe de médecine familiale.