Le ministère de la Santé et de Services sociaux (MSSS) et l'agence de la santé de Lanaudière ont fait preuve «d'âgisme extrême» et ont ainsi contribué à la mort de 18 pensionnaires du Centre multivocationnel Claude-David en 2011, estime le président de l'Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées, Louis Plamondon.

Dans un rapport publié hier, la protectrice du citoyen, Raymonde St-Germain, a dressé un portrait effarant du sort réservé à 60 personnes âgées envoyées d'urgence dans cet établissement parce que le MSSS et l'agence voulaient libérer des lits à l'hôpital Pierre-LeGardeur. Or, le centre Claude-David n'était pas prêt à accueillir des aînés. Moins de trois mois plus tard, 18 patients étaient morts.

Dans son rapport, Mme St-Germain soutient que le tout s'est déroulé trop vite et dans des conditions qui ont pu contribuer à la mort de ces patients. Elle estime que le MSSS et l'agence de la santé de Lanaudière «ne pouvaient ignorer l'impact que ces délais courts de mise en oeuvre et de transfert auraient sur les résidents».

Le Dr Jean-Claude Berlinguet, directeur régional des affaires médicales à l'agence de la santé de Lanaudière, explique que le geste visait à placer les patients âgés dans «un milieu plus adapté que l'hôpital». «Mais avec le recul, on reconnaît que la vitesse du transfert ne permettait pas d'offrir un milieu de vie adéquat», dit-il, tout en ajoutant que plusieurs mesures correctives ont été mises en place depuis.

Au cabinet du ministre de la Santé, Yves Bolduc, on affirme que l'objectif premier de la manoeuvre était «d'envoyer les bons patients aux bons endroits». «On voulait vraiment offrir le meilleur endroit à ces patients, qui n'étaient pas à leur place dans des lits de courte durée à l'hôpital», a dit Natacha Joncas-Boudreau, attachée de presse du ministre. Elle précise que la protectrice du citoyen n'établit aucun lien de cause à effet entre le déménagement des patients et la mort de 18 d'entre eux.

«Il est ridicule que le Ministère ne reconnaisse pas avoir joué un rôle là-dedans», clame pour sa part M. Plamondon. Selon lui, le déménagement des patients a été fait dans des «conditions épouvantables» qui ont contribué à la mort des patients. «Le Ministère a fait preuve d'âgisme meurtrier. Les personnes âgées encombraient des lits à Pierre-LeGardeur. On les a sorties de là sans considération pour leur état», estime M. Plamondon.

Selon le premier vice-président de l'Association québécoise des retraités des secteurs public et parapublic (AQRP), Claude Lainesse, il est évident que le MSSS a favorisé le désengorgement des urgences au détriment des aînés. «On sait que les déménagements ont beaucoup d'effet sur les personnes âgées en perte d'autonomie», soutient M. Lainesse.