Dans l'est de Montréal, la population vieillit plus rapidement que dans le reste de la métropole. Cela a plusieurs conséquences pour l'hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR). Depuis deux ans, le nombre de personnes âgées de 75 ans et plus a augmenté de 8% aux urgences. D'ici à 2019, cette clientèle contribuera à faire augmenter de 133% les demandes de soins en chimiothérapie. Dans une entrevue exclusive à La Presse, la directrice générale de l'hôpital, Manon Boily, a accepté de parler des nombreux défis qui attendent son établissement.

Mme Boily est arrivée en poste il y a deux ans. Depuis, elle tente d'adapter l'hôpital à l'évolution très rapide de la clientèle de son territoire. La tâche est complexe, car l'HMR dessert un bassin de 660 000 personnes. «Quand on considère que Montréal compte environ 2 millions d'habitants, c'est beaucoup», note Mme Boily.

Depuis son arrivée, elle a noté que la population vieillit beaucoup plus vite dans l'est de l'île que dans les autres quartiers. La clientèle est plus défavorisée qu'ailleurs, donc plus à risque d'avoir des problèmes de santé, explique-t-elle. De plus en plus de personnes âgées se présentent aux urgences. «Ces personnes ont des maux liés au vieillissement, comme des problèmes cardiaques et respiratoires. On note aussi de plus en plus de cancers», dit Mme Boily.

Le nombre de cancers augmentera de façon fulgurante dans les années à venir. L'HMR estime que le nombre de traitements de chimiothérapie augmentera de 133% et les soins de radio-oncologie, de 65%. «Il faut prévoir de l'espace pour ça», note Mme Boily, qui travaille à la création d'un centre de cancérologie.

Régler les urgences

La situation alarmante des urgences de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont fait régulièrement les manchettes. Hier, on y comptait 81 patients alors qu'il n'y a que 54 places, un taux d'occupation de 150%. En octobre dernier, il a fallu détourner les ambulances vers d'autres établissements parce que l'HMR était incapable de les accueillir.

Mme Boily reconnaît que des situations comme celle-là ne sont «pas souhaitables» et que la «fluidité aux urgences n'est pas toujours ce qu'elle devrait être». Mais le problème est complexe.

On a présenté un projet d'agrandissement des urgences au ministère de la Santé, qui l'a déjà approuvé. «Le projet est en phase préparatoire», affirme Mme Boily, qui refuse de donner une date d'ouverture. Les travaux devraient durer environ trois ans. «On va offrir un milieu plus adapté pour la clientèle et les équipes de travail. Ça va aider», prévoit la directrice.

Elle ajoute toutefois que, pour soulager les urgences, les services de première ligne devront être encore mieux organisés dans l'est de Montréal. «Ça s'améliore, mais on peut encore faire mieux et on est là pour soutenir ceux qui y travaillent», dit-elle. Mme Boily croit également qu'il faudra augmenter les ressources en soins de longue durée pour les patients âgés.

Fermeture de 101 lits

Dans les dernières années, à la demande du gouvernement, l'HMR a dû fermer 101 lits de soins de longue durée. Les locaux sont toujours vides, comme l'ont signalé certains médias cette semaine. Selon les plans du gouvernement, les patients âgés en attente d'une place en résidence ou de soins externes devaient être pris en charge par les ressources médicales de la communauté.

Malheureusement, tous les jours, des patients en attente d'une place dans un CHSLD occupent des lits de soins aigus à l'HMR, ce qui a de lourdes conséquences sur les urgences. «Quand une personne âgée termine un épisode de soins aigus ici, il faut que les ressources dans la communauté soient là», soutient Mme Boily.

L'HMR compte aussi rénover le service d'hémodialyse, le bloc opératoire et l'unité des naissances. Il souhaite aussi installer l'unité de médecine familiale dans les locaux laissés vacants par la fermeture des lits de longue durée. Un centre d'excellence en thérapie cellulaire construit au coût de 24 millions ouvrira également ses portes au printemps.

Loin d'être dépassée par tous ces projets, Mme Boily en tire une grande motivation. «Nous avons environ 5000 employés. Nos équipes de travail sont formidables. On va y arriver. C'est pour nos patients qu'on fait ça», dit-elle. Un récent sondage montre que le taux de satisfaction des patients est déjà grand à l'HMR (87%). Avec les nombreux changements qui s'annoncent, Mme Boily espère les combler encore plus.