Les médecins connaissent les maux qui affligent les urgences au Québec et estiment qu'il est grand temps d'arrêter de se poser des questions et de passer à l'action. Et l'une des mesures à mettre en place en priorité est l'ouverture de places en hébergement à l'extérieur des hôpitaux, estime l'Association des médecins d'urgence du Québec (AMUQ).

Au cours des deux derniers jours, des centaines de médecins, infirmières et gestionnaires de la santé, réunis en colloque à Lévis, dans la région de Québec, se sont penchés sur les moyens à entreprendre pour réduire l'attente dans les urgences. Plusieurs pistes de solutions en sont ressorties, des solutions qui passent toutes par une meilleure organisation des soins et des ressources à l'extérieur des urgences.

Le Dr Mathieu Bernard, président de l'AMUQ et médecin aux urgences de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, affirme qu'il faut que la province s'inspire de l'Alberta, qui est parvenue à réduire de moitié la durée moyenne de séjour de ses patients dans les différentes urgences en déployant une série de mesures.

Il faut arrêter de le dire et le faire, agir, affirme le Dr Mathieu. L'inaction est notre principal problème. Chaque année, il y a 1% de plus de personnes âgées dans le réseau. On le sait et il ne faut pas attendre que cette augmentation soit de 2% avant de réagir. Il faut donc prévoir en ouvrant des places en hébergement. Parce que présentement, on est toujours en retard.»

Le Dr Mathieu cite plusieurs exemples. Il fait remarquer que chaque année, après le temps des Fêtes, les urgences sont toujours engorgées. «On le sait, mais on ne fait rien. Je pense qu'on pourrait s'organiser et ouvrir 100 places de soins intermédiaires dans certains hôpitaux en prévision de cette période. Les urgences pourraient aussi se doter d'unité d'urgence d'une quinzaine de lits pour les hospitalisations brèves.»

Meilleure gestion du temps

Le Dr Jean-Bernard Trudeau, secrétaire adjoint au Collège des médecins du Québec, a pour sa part parlé de l'importance pour les professionnels des urgences de mieux gérer leur temps, de mieux travailler en équipe, et de mettre de «l'humanisme, de l'imputabilité et de l'altruisme» dans leurs soins.

Au Canada, seulement une personne sur 10 estime que les soins sont orientés sur les patients et neuf fois sur dix, les gens pensent que les soins sont orientés sur la bureaucratie. Dans plusieurs pays d'Europe, c'est le contraire. Les patients ne peuvent plus attendre. Il faut apprendre à gérer le temps de façon efficace, à travailler en équipe.»

Le Collège travaille justement sur une formation à donner aux médecins d'urgence afin d'améliorer leur efficacité. C'était la première fois depuis le milieu des années 2000 qu'autant de professionnels de la santé se réunissaient pour discuter du problème de la congestion aux urgences et des solutions à mettre en place.