Il n'y a pas que le Parti québécois qui s'oppose à la contribution santé du gouvernement Charest: les leaders des Premières Nations du Québec refusent que Québec l'impose aux autochtones de la province.

Et après plusieurs mois de discussion, ils se disent au bout du rouleau politique. Leur solution? Le boycott.

La Presse a obtenu un mémo de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL) destiné aux chefs des communautés autochones et datant d'août dernier. Le conseiller politique de l'organisation y suggère une ébauche de lettre que chaque citoyen des Premières Nations peut envoyer au ministère des Finances pour expliquer pourquoi il refuse de payer la contribution santé qui lui est demandée.

Ghislain Picard, le chef de l'APNQL, confirme qu'il demande aux autochtones de «s'abstenir de payer» la facture que leur enverra Québec. Depuis un an, il a soulevé la question avec le ministre responsable des Affaires autochtones et a écrit à son collègue Raymond Bachand.

«Ça fait déjà plusieurs mois. On est pas mal sur le point de "tirer la plogue" sur le processus politique, explique M. Picard. Une analyse ne demande pas tant de temps que ça.»

Au centre de la dispute: la définition juridique du paiement demandé. C'est que la Loi sur les Indiens exempte les membres des Premières Nations de toute forme de taxation et d'imposition s'ils travaillent sur le territoire d'une réserve.

«La question est très simple: est-ce que pour vous, c'est une taxe ou pas? Et même là-dessus, on n'a pas de réponse», déplore M. Picard.

Et pourtant, l'argumentaire du cabinet de Raymond Bachand laisse peu de place à l'interprétation.

Contribution, prime ou prélèvement, appelez-le comme vous voulez, mais ce paiement ne constitue pas une taxe, plaide Catherine Poulin, porte-parole du ministre Bachand.

«Ce n'est pas une taxe. C'est comme une prime», affirme-t-elle. Malgré cette position claire, le ministre a demandé à ses fonctionnaires d'analyser la situation pour tenter de trouver des solutions possibles, explique

Mme Poulin.

Le Parti québécois refuse de cautionner ou de condamner l'appel au boycott de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador. Nicolas Marceau, porte-parole de la formation politique responsable des finances, plaide qu'il faut complètement abolir la contribution et la remplacer par une hausse d'impôts pour les contribuables les plus aisés.