Les intervenants du monde de la santé s'entendent pour dire que si la pénurie de médicaments causée par l'arrêt de la production à l'usine Sandoz n'est pas encore «catastrophique», la situation reste «très préoccupante». Aucun hôpital ne prévoit pour l'instant reporter d'opérations faute de médicaments, mais tous comptent minutieusement leur stock et adoptent différentes mesures pour éviter de le faire.

L'usine de Sandoz Canada, à Boucherville, fournisseur principal de plusieurs médicaments injectables pour les hôpitaux québécois, avait dû ralentir la production de certains d'entre eux à la mi-février. Des inspecteurs de la Food and Drug Administration (FDA) avaient relevé des «violations importantes» dans les normes de production de l'usine, forçant la pharmaceutique à apporter des correctifs.

Puis, un incendie a éclaté dans l'usine dimanche dernier, compliquant encore plus la situation. Cette semaine, Sandoz a annoncé qu'elle devait cesser complètement la production des quelque 235 médicaments génériques qu'elle produit, le temps de nettoyer les dégâts. La production reprendra partiellement dans la semaine du 12 mars.

Activités perturbées

Au début de la semaine, les hôpitaux de Hull et de Gatineau avaient dû annuler 65 interventions non urgentes, faute de médicaments. La situation a été redressée jeudi.

Les activités aux blocs opératoires des hôpitaux québécois étaient réduites depuis lundi dernier à cause de la semaine de la relâche scolaire. Le rythme reprendra toutefois dès lundi, faisant craindre le pire à plusieurs médecins.

À l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, on mentionne avoir entre cinq et six jours de réserve pour la majorité des médicaments problématiques. «Pour certains produits, on a seulement trois jours de réserve. Mais on prend d'autres mesures. Par exemple, on substitue le plus possible aux médicaments injectables des produits donnés par voie orale», explique le porte-parole de l'établissement, André Bouthillier.

Le Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) ne prévoit pas encore annuler d'interventions, mais des médecins joints par La Presse avouent être «très nerveux», surtout pour quelques médicaments utilisés en chirurgie et aux soins intensifs, et pour lesquels il n'existe aucun substitut.

À l'Institut de cardiologie, on prévoit n'annuler aucune opération dans les deux prochaines semaines. «On évalue toutes les mesures pour éviter de le faire. En cardiologie, on a surtout besoin de Protamine. On rachète ce produit à certains établissements qui en ont moins besoin. La situation n'est pas facile. Mais on y arrive», dit la porte-parole de l'Institut, Julie Chevrette.

Au ministère de la Santé, on mentionne qu'aucune autre région du Québec ne prévoit à court terme manquer de médicaments. Dans plusieurs secteurs, comme à Montréal, des réunions ont lieu tous les jours pour évaluer la situation et trouver des solutions. Si un hôpital prévoit manquer de quelque chose, il doit automatiquement en aviser son agence régionale, explique-t-on à l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal.