La Chambre des communes a adopté mercredi à l'unanimité une motion voulant que le gouvernement exige aux fabricants de médicaments qu'ils rapportent rapidement à Santé Canada et aux provinces toute perturbation ou interruption prévue de production. Le gouvernement s'est aussi engagé à développer avec les provinces, les territoires et l'industrie une stratégie pancanadienne pour anticiper, identifier et gérer les pénuries de médicaments essentiels.

La motion, non contraignante, avait été déposée par le NPD. Son adoption fait suite à un débat d'urgence tenu lundi soir sur la pénurie de médicaments injectables engendrée par un ralentissement de production et un incendie aux installations de Sandoz à Boucherville.

Lors de ce débat, les libéraux et les néo-démocrates ont exigé la mise sur pied d'un système obligatoire de surveillance et de prévoyance des médicaments qui risquent d'être frappés par une pénurie. À l'heure actuelle, les sociétés pharmaceutiques ont le libre choix de dévoiler les médicaments qui feront l'objet d'une rupture de stock ou d'un ralentissement de production sur deux sites internet. La pénurie qui sévit depuis un mois a toutefois démontré que les listes volontaires ne sont pas le reflet de ce qui se trouve sur le marché.

La ministre fédérale de la Santé, Leona Aglukkaq, pense qu'un système volontaire, adopté de concert avec l'industrie, serait plus efficace. «Un système obligatoire d'avertissement des pénuries n'aurait pas changé le fait qu'une seule entreprise fournit 90% des médicaments injectables au pays et n'aurait pas permis de nous prévenir à l'avance d'un incendie», a indiqué la ministre Aglukkaq.

Dans chaque province, ce sont des groupes d'achats regroupant plusieurs établissements hospitaliers qui lancent des appels d'offres pour l'achat des médicaments.

Questionné à savoir comment son gouvernement allait empêcher d'autres pénuries, le premier ministre Stephen Harper a rejeté la faute sur les provinces. «Cette pénurie résulte directement du fait que certaines provinces ont décidé d'avoir un seul fournisseur pour certains médicaments critiques», a-t-il affirmé.

Depuis deux semaines, le gouvernement fédéral critique aussi Sandoz. Lors du débat d'urgence lundi soir, la ministre Aglukkaq a révélé qu'elle avait reçu une lettre de Sandoz Canada dans laquelle l'entreprise promettait de rendre publics 90 jours à l'avance les produits frappés par un ralentissement de production. La lettre faisait suite à une première missive envoyée par la ministre Aglukkak à Sandoz, début mars, dans laquelle elle a qualifié le «manque de transparence» de l'entreprise «d'inacceptable». «Votre manque de communication avec vos clients a conduit plusieurs d'entre eux à soumettre des demandes urgentes pour des produits que vous prétendez ne sont pas en situation de pénurie. Je vous presse de clarifier cette confusion immédiatement», peut-on lire dans la lettre obtenue par La Presse.

Santé Canada: 15 produits de remplacement en attente d'homologation

Afin de pallier à pénurie de médicaments injectables qui touche l'ensemble des hôpitaux canadiens, Santé Canada planche à accélérer son processus d'homologation afin de permettre l'importation de médicaments de remplacement fabriqués à l'étranger. Mercredi, l'agence fédérale a confirmé que Sandoz avait identifié 15 fournisseurs potentiels de remplacement et que leurs dossiers étaient présentement à l'étude.  Ce processus de «fast-track» devrait prendre environ trois semaines pour une démarche qui prend généralement environ six mois, a indiqué Steve Outhouse, l'attaché de presse de la ministre fédérale de la Santé, Leona Aglukkak. On ne sait pas quels médicaments sont visés.