Certains patients pourraient demander qu'on abrège leur vie s'ils sont confrontés à des «souffrances exceptionnelles» tranche la commission parlementaire ad hoc qui réfléchit depuis plus d'un an sur le thème de «Mourir dans la dignité».

Selon les informations obtenues par La Presse, seul ce niveau intolérable de souffrance autoriserait un patient à revendiquer le suicide assisté. Le patient devrait en faire lui-même, expressément, la demande.

Le rapport doit être déposé ce matin à l'Assemblée nationale, presque deux ans après le début des travaux d'une commission parlementaire spécialement formée pour réfléchir à cette question délicate. Il contiendra 24 recommandations.

Le document balisera très étroitement le recours à ces mesures d'exception. On insistera beaucoup aussi sur les protocoles de soins palliatifs.

Intervenants satisfaits

Le Collectif mourir digne et libre a suivi attentivement cette commission parlementaire et a agi à titre d'expert au début des travaux. Il a aussi déposé trois mémoires.

«Ça fait partie d'un système inclusif de soins personnalisés de fin de vie. Dans certaines circonstances, une personne va pouvoir demander une aide médicale active pour terminer sa vie. Ça respecte les valeurs de chacun et je trouve ça très bien», indique Yvon Bureau, le cofondateur du Collectif.

En attendant d'apporter des modifications au Code criminel canadien, qui interdit d'aider une personne souffrante à mettre fin à ses jours, l'Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité (AQDMD) croit que le Québec devra se prémunir de balises. «Il va y avoir un cadre. Si le geste est fait à l'intérieur de ces balises, il n'y aura pas de poursuite et ce sera accepté au Québec. Ce ne sera pas un acte criminel si c'est fait dans tel ou tel cadre», explique Hélène Bolduc, présidente de l'AQDMD.

Selon elle, le rapport, qui sera déposé ce matin à 10 heures, devrait faire l'envie de plusieurs provinces et d'autres pays. «C'était l'ouverture souhaitée et idéale qu'au Québec on puisse établir un cadre où il y a moyen d'aider les personnes en fin de vie. On trouvera une solution pour le Code criminel en temps venu, mais pour le moment, allons-y une étape à la fois.»

Durant la commission, d'autres gros acteurs avaient manifesté le désir de pouvoir aider des personnes à mettre fin à leurs souffrances en fin de vie, notamment le Collège des médecins, le Barreau et le Conseil pour la protection des malades.