La direction de l'hôpital Maissonneuve-Rosemont a présenté hier, devant le gratin de la chambre de commerce de Montréal, son ambitieux plan de modernisation et d'agrandissement qui ferait passer le nombre de ses lits de 631 à 717. Le projet est évalué à 888,7 millions de dollars en 10 ans et s'articule en trois phases. Cependant, le gouvernement n'a annoncé aucun financement à ce jour.

Dans les plans qui permettraient d'augmenter la superficie de l'hôpital de 64,5 %, la haute direction répond aux souhaits de ses 500 médecins qui, comme l'a révélé La Presse cette semaine, réclament une centaine de lits de soins critiques et de courte durée pour désengorger les urgences. Selon les médecins, la situation est devenue «inhumaine» pour les patients nécessitant des soins d'urgence.

«Dans les plans de nos futures urgences dont le financement a déjà été approuvé, un deuxième étage est prévu. Mais pour l'instant, c'est une coquille vide. On aimerait pouvoir y installer 31 lits de soins de courte durée», a expliqué la directrice générale, Manon Boily, à sa sortie de la présentation devant les gens d'affaires.

Sans parler d'une situation inhumaine, elle estime que les lits supplémentaires sont indispensables pour ce territoire de Montréal, qui connaîtra une augmentation de la clientèle estimée à 6 % (de 668 000 à 705 801 personnes) d'ici à 2022. La construction d'un pavillon d'hospitalisation et de soins critiques viendrait donc répondre à la demande en soins, grâce à environ 80 lits supplémentaires, dont une unité de soins intensifs. L'hôpital entend lancer une campagne de financement d'ici un an.

Des lits en cas de désastre

Les hauts dirigeants de l'Hôpital juif ont eux aussi de grandes ambitions au-delà de l'agrandissement de leurs urgences, déjà amorcé. Le Dr Hartley Stern, directeur général, a expliqué devant la chambre de commerce que trois autres phases de déploiement sont prévues d'ici à 2016. Entre autres, on projette la construction d'une unité de soins critiques de 2 millions de pieds carrés, en hauteur, juste au-dessus des urgences. À terme, on prévoit que l'hôpital sera doté de 637 lits, dont 70 % en chambre individuelle.

Le Dr Stren a aussi expliqué que l'hôpital va devenir le point de chute montréalais en cas de désastre ou de pandémie. Pour ce faire, on prévoit l'aménagement de 250 lits. La première phase des travaux comprenant les urgences et les stationnements souterrains, qui coûtera 117 millions, sera achevée d'ici au mois de décembre. Les quatre phases reliant tous les pavillons par des passerelles sont évaluées à 382,9 millions jusqu'en 2016.

Le directeur général du CHU Sainte-Justine, le DrFabrice Brunet, n'a pas manqué de souligner qu'il n'a pas attendu le gouvernement pour commencer les travaux, en 2005, pour les urgences et le centre de cancérologie Charles-Bruneau puis, en 2009, la néonatalogie. L'hôpital universitaire pédiatrique a quatre autres projets sur les rails: un centre ambulatoire avec télémédecine, un pavillon destiné à la réadaptation, un agrandissement de 40 % du centre de cancérologie et une nouvelle résidence hôtelière thérapeutique pouvant accueillir les parents des enfants hospitalisés. Jusqu'à maintenant, le gouvernement a annoncé des investissements de 995 millions dans le projet. Mais le pavillon de réadaptation nécessiterait à lui seul 35 millions supplémentaires.

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Des projets évalués à deux milliards

À eux seuls, l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, l'Hôpital juif et le CHU Sainte-Justine ont présenté hier des projets représentant plus de 2 milliards de dollars. C'est sans compter le futur Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM-CR) et le Centre universitaire de santé McGill (CUSM), dont les travaux coûteront respectivement 1,97 milliard et 2,2 milliards. Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, prévoit aussi annoncer des investissements lundi pour le Centre hospitalier de St. Mary, dont la situation aux urgences est particulièrement critique depuis le début de l'année.