Quand on se compare, on se console. Le système de santé du Québec a beau être qualifié de malade, un patient québécois risque moins d'avoir besoin d'être réadmis à l'hôpital après une hospitalisation ou une intervention chirurgicale que dans l'ensemble du Canada. Une femme qui accouche à terme au Québec a également une probabilité moindre de subir une césarienne.

Pour la première fois, le Québec est en mesure de comparer les résultats de ses 88 hôpitaux avec ceux des autres provinces dans 9 domaines. L'Institut canadien d'information sur la santé (ICIS) rend disponible aujourd'hui sur son site web un outil de pointe qui permet de comparer l'efficacité des 600 hôpitaux du Canada sur une série d'indicateurs cliniques.

Les données indiquent que dans tous les domaines étudiés, les hôpitaux de la Belle Province obtiennent des résultats meilleurs que la moyenne canadienne ou aussi bons.

L'ICIS a compilé le taux général de réadmission à l'hôpital dans les 30 jours, le taux de réadmission dans les 30 jours suivant des soins chirurgicaux, obstétricaux et pédiatriques, ainsi que le taux de réadmission dans les 90 jours après une chirurgie de la hanche et du genou en 2009-2010. Les taux de césarienne et de naissance vaginale après une césarienne ont aussi été calculés.

Ce travail colossal a duré près de quatre ans et a nécessité la compilation de plus de 50 000 résultats. Depuis 20 ans, la méthodologie de compilation des données au Québec différait grandement de celle des autres provinces, qui comparent leurs résultats en santé depuis plusieurs années. Le Québec et l'ICIS, organisme autonome financé par le gouvernement fédéral et les provinces et territoires, sont aujourd'hui parvenus à harmoniser une partie des méthodes de recension des données.

Sur les neuf indicateurs comparables, le Québec obtient de meilleurs résultats dans six domaines et se situe près de la moyenne canadienne dans les trois autres.

Ainsi, 7,9% des patients québécois ont été réadmis à l'hôpital après une première visite en 2009-2010 contre 8,4% dans l'ensemble du Canada. L'écart peut sembler petit, mais il représente un grand nombre de patients. À preuve, durant cette période, les hôpitaux du Québec ont enregistré 43 000 réadmissions après une première visite à l'hôpital. Au Canada, le nombre général de réadmissions était de 180 000.

Pour ce qui est des réadmissions dans les 30 jours suivant des soins médicaux, le Québec enregistre un taux de 12,44% contre 13,08% dans l'ensemble du Canada.

En ce qui a trait aux chirurgies, 5,93% des patients au Québec ont été réadmis à l'hôpital dans les 30 jours suivant l'intervention, contre 6,5% au Canada. Environ une femme enceinte sur cinq (22,33%) a terminé sa grossesse par une césarienne (en excluant les naissances prématurées et les grossesses multiples) au Québec contre 25,67% au Canada.

À Montréal, les hôpitaux universitaires obtiennent de meilleurs résultats dans leur ensemble que la moyenne des hôpitaux canadiens suivant la majorité des critères, sauf pour l'arthroplastie du genou où seul le Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) ne dépasse pas substantiellement la moyenne canadienne. C'est d'ailleurs le CHUM qui obtient les meilleurs résultats parmi les six hôpitaux (pour adultes) d'enseignement à Montréal. L'Hôpital du Sacré-Coeur se classe sixième.

De plus, 10 des 25 plus petits hôpitaux au Québec ont enregistré un taux significativement supérieur à la moyenne canadienne en ce qui a trait au taux général de réadmission à l'hôpital dans les 30 jours.

«Pour augmenter la performance du système de santé, nous avons besoin d'information», a expliqué Jeremy Veillard, vice-président, recherche et analyse de l'ICIS. «La chose qui est remarquable, avec cet outil, c'est de constater qu'il n'y a pas un seul hôpital au Canada où tous les résultats sont meilleurs que ceux des autres hôpitaux ou qu'un hôpital ne se classe pas dans le premier quart de performance pour tous les indicateurs. Cela veut dire que chaque établissement a une opportunité pour apprendre à utiliser cet outil à des fins d'amélioration.»

M. Veillard espère qu'à la lumière de ces nouvelles informations, les administrateurs du système de santé apporteront des correctifs à leurs établissements. «On s'est rendu compte par le passé qu'en rendant les résultats publics, des hôpitaux qui avaient des résultats assez mauvais ont été forcés de prendre les problèmes à bras-le-corps. Ils ont changé leurs processus et ils ont réussi à améliorer leur performance, parfois de façon spectaculaire.»