La Ville de Laval refuse de payer des coûts supplémentaires de 1,9 million demandés par Simard Beaudry Construction, société qui appartient à l'entrepreneur Tony Accurso, pour la rénovation d'un pont.

Dans un geste sans précédent, la Ville et l'entreprise ont accepté de confier le dossier à un arbitre.

Cela tranche avec le cours normal des affaires. Il arrive souvent que Laval paie des «extras» dans des contrats adjugés à la suite d'appels d'offres. Seulement depuis le début de l'année, le comité exécutif en a autorisé pour sept chantiers, pour un total d'environ 700 000$.

 

Les travaux en cause dans la dispute visaient la reconstruction du pont situé au nord de l'île Paton, sur la rivière des Prairies, dans le quartier Chomedey. Il s'agissait de refaire le tablier et les poutres, de renforcer les piles et les culées du pont, et de remplacer une conduite de refoulement.

Débats privés

Simard Beaudry a remporté l'appel d'offres le 16 juin 2008 avec une mise de 5,1 millions avant taxes. Construction Garnier avait offert 6,6 millions, et deux autres soumissionnaires avaient été jugés non conformes.

«Au final, on nous réclame un coût excédentaire de 1,9 million, dit Marc Laforge, porte-parole de la Ville. C'est cette partie qui est en litige. Il y a une liste d'une trentaine d'éléments que la Ville ne veut pas assumer et, selon nous, c'est à l'exécuteur du contrat de régler ça.»

L'arbitre Jean Corbeil a été mandaté par le comité exécutif de la Ville le 3 février dernier. En arbitrage, les débats se déroulent en privé. Les coûts et les délais sont beaucoup moins longs que dans une poursuite judiciaire. La société de génie-conseil CIMA est elle aussi convoquée devant l'arbitre. «CIMA était mandatée pour surveiller les travaux», dit M.Laforge.

«Le chantier a été difficile pour toutes sortes de raisons, précise M.Laforge. Il y avait de nombreux fournisseurs, et les services publics comme Hydro-Québec et Bell étaient impliqués.»

«Malgré le litige, en aucun temps ça ne remet en question la capacité de Simard Beaudry de livrer des ouvrages de qualité, ajoute M.Laforge. Y compris dans ce cas-ci, il n'y a pas de problème.»

Il ajoute qu'il est plutôt inusité que la Ville défère des différends à un arbitre. «C'est très rare, c'est peut-être la première fois, dit-il. Mais c'est une approche qui a tout son sens. Dans le contexte, les frais d'avocat sont évités. Ce sont nos directeurs qui représentent la Ville directement.» Il affirme que malgré le caractère privé du débat, le résultat final sera public.

Simard Beaudry avait invité La Presse à poser ses questions par courriel, mais n'avait toujours pas répondu hier soir.