Québec est prêt à fournir l'argent pour que la municipalité d'Oka rachète les terrains de l'entrepreneur immobilier Norfolk, situés en pleine pinède de Kanesatake. En fin d'après-midi mardi, le maire d'Oka a d'ailleurs annoncé qu'une entente de principe avait été conclue avec le promoteur.

«Le ministère des Affaires municipales et le Secrétariat aux affaires autochtones ont reçu une demande par lettre d'Oka il y a un mois et elle y a répondu positivement», a confirmé mardi Émilie Lavoie, attachée de presse adjointe du ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard.

Depuis plus d'un mois, a ajouté Mme Lavoie, «Québec accompagne Oka de façon ponctuelle dans sa démarche.»

Mme Lavoie a dit qu'il ne lui était pas encore possible de préciser la somme en cause.

Dans son communiqué, le maire d'Oka, Richard Lalonde, n'a pas non plus parlé de la somme offerte. Il a simplement écrit: «Je peux confirmer à la population d'Oka qu'une entente de principe est intervenue entre les parties et que tous les autres détails seront dévoilés en temps opportun.»

Le communiqué souligne par ailleurs que l'entente doit être «acceptée avant la fin de la semaine par les procureurs de Norfolk». En pleine négociation, M.Lalonde n'a accordé aucune entrevue depuis le début de la semaine.

Le promoteur Normand Ducharme demandait 400 000$. Il avait acquis ses terrains totalisant 1,2 hectare pour 100 000$, en 2009, d'un couple à qui il avait prêté de l'argent et qui avait fait faillite.

En entrevue, M.Ducharme a dit que les choses allaient maintenant «dans la bonne direction». «Ça a bien été avec le maire, mais on n'a pas encore eu d'offre monétaire.»

Les avocats des diverses parties s'activent à ficeler l'entente. Ottawa avait accepté en 2008 de négocier la cession du territoire de l'ancienne seigneurie du Lac-des-Deux-Montagnes avec les Mohawks, qui estiment que ces terres leur ont été spoliées par les sulpiciens au fil des siècles.

Surenchère

À la fin du mois de juillet, la municipalité d'Oka avait déjà, par résolution municipale votée à l'unanimité, fait des terres disputées une réserve sur laquelle il était interdit de construire.

En point de presse au début de la matinée, le chef du Bloc Québécois, Gilles Duceppe, a dit qu'il fallait «faire attention à la surenchère» quant au prix des terrains et s'est demandé si Ottawa était intervenu. Au ministère des Affaires indiennes, la porte-parole Geneviève Guibert a dit qu'Ottawa ne l'avait fait ni de près ni de loin.

Le grand chef de Kanesatake, Paul Nicholas, n'a pas rappelé La Presse, mardi.

Vendredi dernier, la tension avait monté d'un cran lorsque Normand Ducharme et son coordonnateur, Luc Côté, étaient allés inspecter les terrains pour voir quels arbres devraient être abattus.

Les Mohawks, prévenus la veille par la Sûreté du Québec, ont fait blocus. Pendant de longues minutes, l'échange verbal a été musclé entre les promoteurs et les Mohawks, mais personne n'a été blessé.