Le maire de Mascouche, Richard Marcotte, a refusé de démissionner hier, même si la majorité des conseillers de la ville ont formellement voté en faveur de son départ.

Le maire était de retour devant ses électeurs, hier soir, pour la deuxième séance du conseil municipal depuis qu'il a repris ses fonctions. La réunion s'est déroulée dans une ambiance agitée, quoique moins tendue que lors des trois dernières séances. Dès son arrivée, le maire Marcotte a été accueilli par une marée de huées et d'insultes. La salle, qui peut accueillir environ 100 personnes, était pleine à craquer.

Il y a une semaine, Richard Marcotte avait repris ses fonctions lors d'une soirée houleuse pendant laquelle 400 citoyens présents l'avaient contraint à accorder une séance de questions de deux heures au lieu de la réunion du conseil.

Hier, le maire est péniblement parvenu à parcourir les 33 points de l'ordre du jour, malgré les protestations incessantes des citoyens. Le dernier point était un vote des conseillers demandant la démission du maire. Les cinq conseillers indépendants se sont prononcés pour et les trois conseillers de Ralliement Mascouche (l'ex-parti du maire) ont voté contre.

«Je ne démissionnerai pas!» a sèchement laissé tomber le maire après le vote.

Richard Marcotte est sur la sellette depuis la diffusion d'un reportage l'automne dernier à Radio-Canada faisant état de ses liens étroits avec un entrepreneur en construction de la région, Normand Trudel. L'entreprise de M. Trudel, Transport&Excavation Mascouche, aurait obtenu près de 40 millions de dollars de contrats municipaux de 2000 à 2009. Selon la télévision d'État, M. Trudel aurait déboursé plusieurs milliers de dollars pour payer des travaux à la résidence du maire.

Il y a deux semaines, La Presse a révélé que la Ville de Mascouche versait à Transport&Excavation Mascouche 650$ par borne, par saison, pour déneiger une partie des bornes d'incendie de la ville. Une somme jusqu'à 65 fois plus élevée que ce que paient les principales villes du Québec.

Lors de la période de questions, un citoyen a demandé au maire de rouvrir le contrat et de l'annuler. «Je retiens votre suggestion. C'est le conseil qui décidera», a répliqué M. Marcotte.

Dans un article publié dans La Presse hier, on apprenait par ailleurs que l'entrepreneur Normand Trudel s'était «engagé» dans sa soumission à fournir tous «les équipements, l'outillage et la main-d'oeuvre nécessaires» à la réalisation d'un contrat annuel de déneigement. Or, faute d'équipements, il a été obligé de solliciter deux mois plus tard l'approbation du conseil municipal pour sous-traiter le travail.

L'avocat Stéphane Handfield, ex-candidat de l'opposition aux dernières élections municipales, s'est présenté au micro hier pour demander au maire s'il croyait que M. Trudel avait induit le conseil en erreur lorsqu'il avait affirmé avoir tout le matériel nécessaire.

«Je vous dis non, c'est tout», a-t-il répondu.

Le 8 novembre dernier, le maire Marcotte a décidé de se retirer temporairement de ses fonctions afin de se «consacrer à sa défense et à la restauration de sa réputation». Peu avant le congé des Fêtes, M. Marcotte a annoncé qu'il reprendrait «de plein droit» sa «fonction légitime de maire». Or, il fait toujours l'objet d'une «vérification» au ministère des Affaires municipales (voir autre texte).

Du côté du Ministère, on indique qu'il n'est «pas question d'une mise en tutelle» de la ville de Mascouche, comme le réclament certains. «Le conseil municipal est en mesure de remplir ses obligations, justifie Caroline Saint-Pierre, porte-parole du Ministère. La Ville n'est pas paralysée, les élus se rencontrent et l'administration fait son travail.»

Avec Fabrice de Pierrebourg