(Québec) Prix du carburant qui s’envole, pénurie de main-d’œuvre, inflation… La politique de déneigement de la Ville de Québec se retrouve dans une tempête parfaite, à tel point que de hauts fonctionnaires se demandent s’il ne faudra pas réduire les services et les « attentes citoyennes ».

Le coût du déneigement explose à Québec, ont révélé lundi des fonctionnaires dans le cadre d’une session plénière à l’hôtel de ville de Québec au sujet du déneigement. Les 27 degrés Celsius au thermomètre donnaient un air quelque peu insolite à ces échanges, qui ont duré tout l’après-midi.

Le déneigement a coûté 82 millions l’année dernière à la Ville de Québec. C’est 35 % de plus que les 61 millions de 2021.

La capitale vient pourtant de se doter d’une politique de déneigement pour la décennie 2020-2030, qui prévoyait davantage de services. Mais l’explosion des coûts vient tout chambouler.

« Force est de constater qu’on ne sera pas capable de livrer tout ça. Il y a une réflexion à faire », a lancé lundi Alain Tardif, directeur général adjoint aux services de proximité à la Ville de Québec.

« Vous, les élus, j’imagine que vous devrez débattre au sujet des informations qu’on vous donne, a ajouté M. Tardif. Mais notre recommandation, c’est qu’on doit se questionner sur le niveau de service, sur l’attente citoyenne. Il y a une réflexion collective à avoir. »

Les fonctionnaires municipaux ont présenté une foule de données qui tendent à démontrer que Québec est l’une des villes qui déneige le plus systématiquement dans la province. Or, ce zèle issu de la politique de 2020 n’est peut-être plus à la portée des contribuables aujourd’hui.

« Il y a un monde entre 2020 et 2023 », a lancé Marie-Pierre Raymond, directrice du processus de l’entretien des voies de circulation. « En 2020, il y avait des McDonald’s ouverts 24 heures. Il n’y avait pas de problème de main-d’œuvre, le taux directeur de la Banque du Canada était à 0,25 %, il est maintenant à 4,75 %. Il n’y avait pas de guerre en Ukraine et les chaînes d’approvisionnement allaient bien. »

Les hauts fonctionnaires recommandent aux élus de revoir le ramassage de la neige. Le grattage des rues et des trottoirs doit rester la priorité, selon eux, car il en va de la sécurité des citoyens, ont-ils martelé.

Mais l’hiver dernier, Québec a déplacé l’équivalent de 28 Centre Vidéotron dans ses dépôts à neige, a indiqué Mme Raymond, empruntant une unité de mesure propre à la capitale. Il faudrait donc réfléchir à la pertinence de ramasser moins de neige sur le côté des rues, ou de le faire moins rapidement.

« Dans le quartier des Rivières, par exemple, avec des rues larges, est-ce qu’on peut seulement gratter ? C’est peut-être un peu moins propre, mais ça reste sécuritaire. On diminue le nombre de transports. C’est plus raisonnable en termes de déneigement, de GES, de coûts », a par exemple indiqué Marie-Pierre Raymond.

Selon elle, une telle solution – laisser la neige en bordure de rue – ne peut pas s’appliquer au centre-ville, mais pourrait être applicable dans des zones moins denses.

La session plénière de lundi avait été demandée par les élus de l’opposition après la fin de semaine du 11 février dernier. Québec était alors en plein Carnaval et son populaire tournoi pee-wee battait son plein. Une bordée de neige tombée durant les festivités avait été mal déneigée dans le Vieux-Québec au goût de plusieurs élus.