Les recherches se sont poursuivies dimanche à Rivière-Éternité, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, où deux personnes, un homme et une femme, ont été emportées par l’eau et manquent toujours à l’appel. Des crues éclair et des pluies diluviennes ont frappé samedi la région, isolant aussi une centaine de personnes sur un terrain de camping.

« On a plusieurs effectifs sur le terrain. Il y a des embarcations nautiques, des quads, un hélicoptère et un groupe de plongeurs qui participent à l’effort », a indiqué dimanche le sergent Hugues Beaulieu de la Sûreté du Québec (SQ), le porte-parole du corps policier dépêché dans la région. La priorité, pour dimanche, était notamment d’examiner l’ensemble des berges de la rivière. « On a aussi été sur l’eau avec des sonars pour tenter de localiser les deux personnes », a assuré M. Beaulieu.

En fin de journée, la SQ n’avait toutefois localisé aucune des deux personnes manquantes. De nombreux affaissements de terrain ont criblé samedi la route 170, reliant le Saint-Laurent au lac Saint-Jean, qui a été fermée peu après. La situation a forcé la Ville de Rivière-Éternité à déclarer l’état d’urgence en soirée. Tout près de 200 personnes ont été évacuées jusqu’ici sur une population d’un peu plus de 400 résidants.

  • PHOTO SOPHIE LAVOIE, LE QUOTIDIEN

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Au total, trois personnes qui étaient descendues de leur véhicule pour enlever des débris de la rue Notre-Dame ont été emportées par la rivière Éternité. Celle-ci venait de déborder de son lit, et le terrain s’est affaissé au même moment. Un quinquagénaire a été retrouvé peu après, avant d’être transporté en centre hospitalier où son état était considéré critique. Ce sont les deux autres personnes, un homme et une femme dont l’âge n’a pas été précisé, qui manquent toujours à l’appel.

Une centaine de campeurs étaient toujours isolés en fin de journée au parc national du Fjord-du-Saguenay, situé à proximité, en raison de la fermeture de la route, mais devaient être évacués par voie aérienne. Deux hélicoptères ont été déployés dans la région. « Les gens sont en sécurité, ils ont quand même de la nourriture, ce sont des campeurs habitués, mais on fait tout le nécessaire pour se dépêcher et aller les chercher », a indiqué la ministre responsable de la région, Andrée Laforest, en entrevue.

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Le sergent Hugues Beaulieu de la Sûreté du Québec et la ministre responsable de la région, Andrée Laforest

Elle se dit notamment rassurée par le fait que le niveau de l’eau a quelque peu diminué depuis samedi soir. Tout près de 130 millimètres de pluie étaient tombés en moins de deux heures, une première dans l’histoire de la municipalité, selon la ministre. « Deux orages en 45 minutes ici à Rivière-Éternité, on n’avait jamais encore vu ça », a-t-elle illustré.

Pour la suite des recherches des deux personnes manquant à l’appel, « tout dépendra de la météo », affirme Mme Laforest. « Si on a de fortes pluies, les hélicoptères ne pourront plus survoler les lieux ou se déplacer. »

« La nature a été furieuse »

Gérald Simard, qui possède une épicerie du même nom à Rivière-Éternité, a été doublement affecté par les pluies, tant dans son commerce que dans sa résidence. « Ma maison et mon épicerie, les deux, il y a un peu d’eau qui est rentrée, mais rien de vraiment majeur, j’ai été chanceux », souffle-t-il.

« Le coin où je suis, on est une dizaine de maisons qui ont été touchées. La plupart, ça a rentré au sous-sol. Mais il y en a que ça a rentré plus que d’autres. C’est surtout triste qu’il manque des gens à l’appel », ajoute M. Simard.

Au moins, les gens sont soutenus et on reste positifs.

Gérald Simard, épicier de Rivière-Éternité

Patricia Villeneuve, elle, demeure à La Baie mais était à son chalet de Rivière-Éternité quand les faits se sont produits. « C’était vraiment impressionnant, la forte pluie, les coups de tonnerre, les éclairs. Heureusement, on a été pris en charge rapidement, puis [dimanche] matin on a su qu’on aurait un convoi pour quitter. Ça s’est très bien passé », raconte-t-elle.

« La nature a été furieuse », a ajouté Mme Villeneuve sur sa page Facebook, en publiant des images de la route affaissée. « C’est vraiment triste pour les gens portés disparus. Et c’est sûr que beaucoup de gens sont ébranlés dans la communauté, on peut le ressentir », glisse-t-elle au bout du fil.

Quelques jours de travaux

Une équipe géotechnique du ministère des Transports a été envoyée sur place pour déterminer comment la route sera reconstruite. « Nos équipes sont déjà sur place pour les travaux de la route 170, mais considérant les dommages, quelques jours seront requis », a précisé dimanche la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, sur Twitter. La veille, elle avait évoqué des « dégâts importants ».

« La route 170 demeure fermée aujourd’hui dimanche et peut-être au-delà. Des travaux importants sont en cours afin de rétablir le plus rapidement possible une circulation sécuritaire », a expliqué le ministère des Transports.

La ministre Laforest, elle, a indiqué que la sécurité sera la clé avant de penser à réintégrer les évacués. « Pour la reconstruction, on n’est pas encore là. Mais si on reconstruit, est-ce que c’est assez solide ? C’est ça, la question qu’il faut se poser », s’est-elle limitée à dire à La Presse.

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Une personne est évacuée sur une civière, en hélicoptère

Des centres de services aux sinistrés ont notamment été ouverts à L’Anse-Saint-Jean et à Saint-Félix-d’Otis, des municipalités voisines, a également rappelé Mme Laforest. Des visiteurs du parc national du Fjord-du-Saguenay, eux, ont vu leur réservation annulée par mesure de sécurité.

« Nous serons là pour vous aider », a de son côté promis le premier ministre François Legault aux sinistrés. Un programme d’indemnisation devrait en effet être mis sur pied pour les résidants dont les maisons ont été touchées ou pour les évacués, comme cela avait été le cas récemment avec les incendies de forêt.

Avec Alice Girard-Bossé et Lila Dussault, La Presse