L’intérêt pour le programme d’accès aérien régional (PAAR) demeure assez faible au Québec. Seulement 14 000 billets à 500 $ l’aller-retour ont été vendus au cours des cinq derniers mois. Déjà, le gouvernement envisage de mettre sur pied plus de liaisons directes pour renverser la tendance.

Entre le 1er juin et le 31 octobre dernier, ce sont 14 345 billets qui ont été achetés par l’entremise du PAAR, révèlent des données préliminaires du ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD) rendues publiques mercredi. Ledit programme avait été lancé en grande pompe par le gouvernement Legault en avril 2022 pour relancer le transport aérien en région, en offrant des rabais pour réduire le coût d’un billet d’avion.

Lisez notre texte « 500 $ pour voyager en avion au Québec »

Dans certains aéroports, à peine quelques centaines de billets ont été achetés. À Baie-Comeau, par exemple, on parle de 425 billets en l’espace de cinq mois, alors qu’à Chibougamau, c’est 395. À l’aéroport de Bagotville, au Saguenay, 200 billets à 500 $ ont été vendus, tandis qu’à Mont-Joli, c’est moins de 185.

À Sept-Îles, par contre, plus de 3700 trajets en avion ont pu être faits à coût modique grâce au programme. Aux Îles-de-la-Madeleine aussi, qui demeurent l’une des destinations régionales les plus prisées par les Québécois, les transporteurs aériens sont parvenus à vendre plus de 3580 billets entre juin et octobre dernier.

Ces deux secteurs sont d’ailleurs les plus populaires depuis le début du programme. L’aéroport Wabush, utilisé par les Fermontois, demeure aussi populaire avec 3160 billets vendus ces derniers mois.

IMAGE FOURNIE PAR LE GOUVERNEMENT DU QUÉBEC

Pas un insuccès, rétorque Québec

N’empêche, les défis demeurent grands. Il faut dire que depuis le tout début, le projet connaît des difficultés ou, du moins, n’atteint pas tout à fait les attentes. En août dernier, plus d’un an après son lancement, le programme avait généré la vente de seulement 45 000 billets aller-retour en 12 mois, alors que le gouvernement avait évoqué qu’environ 100 000 billets étaient offerts.

Bref, avec seulement quelque 14 000 billets jusqu’ici cette année, la performance de l’initiative gouvernementale pourrait être encore plus maigre que l’an dernier. Au MTMD, on fait toutefois valoir que « le succès du programme ne se mesure pas avec une cible de vente de billet ».

« Le nombre de billets disponibles annoncé lors du lancement du PAAR n’était pas une cible, mais plutôt le nombre de billets disponibles puisque l’achat de billets d’avion se fait bien sûr sur une base volontaire de la part de la clientèle », fait valoir le porte-parole du Ministère, Louis-André Bertrand.

Selon lui, « les économies dont ont pu bénéficier les Québécois constituent un indicateur plus approprié ». Québec soutient que « les chiffres indiquent que le nombre de billets disponibles était suffisant ».

Des améliorations en vue ?

Interrogée à ce sujet mercredi, la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, affirme qu’elle travaille « sur des modifications au programme et sur d’autres actions pour améliorer les dessertes régionales », avec son adjoint gouvernemental, le député Yves Montigny, qui est aussi président du comité permanent sur le transport aérien régional.

« On souhaite mieux connecter les régions entre elles. On n’est pas prêt à annoncer le tout, mais ça s’en vient. On évalue notamment d’ouvrir le programme PAAR, donc plus de clientèles et d’une ville à une autre plutôt que passer par Québec ou Montréal. Il n’y a rien de signé encore », affirme par écrit le directeur des communications de la ministre, Maxime Roy.

Il souligne néanmoins à son tour que « le programme marche bien quand même » et que « plusieurs villes demeurent très bien représentées ».

Plusieurs acteurs régionaux du monde de l’aviation avaient réclamé une baisse du prix des billets ainsi qu’une augmentation de la fréquence des vols dans les dernières années. Le tout survenait alors qu’Air Canada avait délaissé des marchés comme Baie-Comeau, Gaspé, Mont-Joli, Val-d’Or et les Îles-de-la-Madeleine, en dehors du service estival, en juin 2020.

Avant l’arrivée du PAAR, le Programme de réduction des tarifs aériens (PRTA) permettait à seulement six régions – soit l’Abitibi-Témiscamingue, le Bas-Saint-Laurent, la Côte-Nord, la Gaspésie et Îles-de-la-Madeleine, le Saguenay–Lac-Saint-Jean et Eeyou Istchee Baie-James – de bénéficier de taux de remboursement oscillant entre 30 et 60 %.

Le plafond annuel variait entre 500 $ et 3000 $ et il fallait soumettre une demande de remboursement au ministère des Transports.

Avec Charles Lecavalier et Julien Arsenault, La Presse