La saison de la chasse au cerf de Virginie est ouverte et s'est transportée dans les rues de la métropole ce matin. Les policiers et les agents de la faune ont traqué durant des heures un cerf en liberté dans le quartier Parc-Extension.

La scène, inusitée dans le paysage urbain, a suscité un important déploiement policier. Ce rare spectacle a aussi piqué la curiosité de nombreux badauds, à commencer par les employés des compagnies environnantes de ce secteur résidentiel et industriel. La chasse a débuté vers 8h, lorsqu'un résident de la rue Greenoch a aperçu l'animal en train de galoper dans sa cour. Il a alors contacté les policiers du secteur qui se sont mis sur les traces de la bête.

Le cerf de Virginie a pris la fuite par quelques rues des environs pour finalement aboutir dans la cour arrière d'une compagnie de vêtement de la rue Beaumont, près d'un terrain d'Hydro-Québec et de la cour de triage d'Outremont.

Un endroit ceinturé par une clôture haute de deux mètres et surmonté de barbelés. On ignore comment l'animal a pu se retrouver dans cette cour sans issue.

Pris au piège, l'animal s'est mis à paniquer et a tenté plusieurs fois - en vain - de sauter par-dessus la clôture, non sans d'abord prendre de grands élans. Le cerf, blessé, saignait de la gueule et semblait à bout de souffle. Il s'est infligé ses blessures lors de violents impacts contre la clôture, mais des témoins l'ont aussi vu percuter une voiture.

Les policiers ont érigé un périmètre autour de la cour. Des rues ont été fermées à la circulation en attendant l'arrivée des agents de la protection de la faune, dont les plus proches sont basés à Saint-Jean-sur-le-Richelieu.

En attendant, les pantalons de camouflage adoptés par les policiers comme moyen de pression étaient de circonstance.

Le cerf de Virginie serait un jeune mâle d'environ 125 livres. Sa présence en ville demeure nébuleuse. «Il arrive probablement de Laval. Il a traversé la rivière des Mille-Îles à la nage et s'est retrouvé ici», croit Serge Gingras, un chasseur invétéré rencontré parmi les curieux.

Un peu avant l'arrivée des agents de la protection de la faune, l'animal, épuisé, s'est couché un bout de temps sur le bitume. Le cerf s'est relevé brusquement plus tard pour détaler à nouveau dans la cour. Aidé des policiers, les agents de la protection de la faune ont entrepris de coincer l'animal dans un coin de la cour, pour ensuite l'endormir à l'aide de fléchettes tranquillisantes. L'opération s'est étirée durant une heure environ. «Ce n'est pas évident, il faut être à maximum 50 pieds de l'animal», a précisé Alain Deschênes, un des agents de la protection de la faune présent.

En 30 ans de carrière, c'est la première fois qu'il entend parler d'un cerf de Virginie dans ce secteur de la ville. «On en a déjà endormi deux sous le Monstre, un des manèges de La Ronde», a-t-il indiqué.

Et d'où vient le cerf de Parc-Extension à son avis? «Ça c'est une bonne question! C'est un petit mâle en rut, il cherchait probablement une femelle et ils peuvent courir de longues distances en période de reproduction», a raconté l'agent de la protection de la faune.

Le cerf de Virginie sera conduit dans la région de Farnham, puis relâché dans son milieu naturel... loin de la ville.

Photo: Patrick Sanfaçon, La Presse

Le chevreuil a tenté de sauter par-dessus la clôture qui ceinture le terrain vague où il s'est retrouvé coincé.