Les automobilistes qui roulent dans les rues de Montréal vont devoir s'y habituer. Les conditions de circulation sont exécrables et elles vont l'être longtemps. Alors que la Ville de Montréal commence à peine à reconstruire ses infrastructures, le ministère des Transports reconstruit ses autoroutes et ses ponts. Ils en ont, l'une et l'autre, pour plusieurs années. Et les vrais grands chantiers ne sont même pas commencés.

Alors que l'hiver frappe à la porte, le ministère des Transports du Québec (MTQ) et la Ville de Montréal comptaient, ce matin, une cinquantaine de chantier actifs sur le réseau autoroutier de l'île de Montréal et le réseau artériel de la ville. Cela inclut les travaux aux réseaux d'eau et d'égout dans des rues locales.Une demi-douzaine des chantiers qui causent quotidiennement des maux de tête aux usagers de la route depuis la rentrée sont encore en activité sur les autoroutes de la métropole. Les pires, ceux de l'autoroute Ville-Marie (A-720) et de l'échangeur Turcot, se termineront dans un mois. Les derniers (pont Galipeault, A-15) vont fermer pour Noël.

En ville, les chantiers continuent de pousser comme des champignons. Au cours des deux dernières semaines seulement, Montréal a lancé des travaux de grande envergure rue De Lorimier, dans le chemin de la Côte-Sainte-Catherine et dans la rue Sherbrooke. En plein centre-ville, le futur Quartier des spectacles bourdonne du vacarme des marteaux-piqueurs, des excavatrices et des camions.

Selon une compilation préparée par la Ville de Montréal, à la demande de La Presse, une quarantaine de chantiers de rues, de pistes cyclables, d'égouts et de conduites d'eau étaient toujours actifs ou sur le point de commencer, à la fin d'octobre.

La dispersion de ces chantiers, illustrée par la carte ci-dessus, ne témoigne toutefois pas avec justesse de l'envahissement des petits bonshommes orange, qui gênent partout les déplacements des piétons et des cyclistes aussi bien que des automobilistes. Car il faut ajouter une multitude de petits chantiers de planage et d'asphaltage de rues, qui relèvent principalement des arrondissements de Montréal.

De plus, les entrepreneurs en construction se livrent traditionnellement à une sorte de sprint de fin de saison à ce temps de l'année, avant les premières chutes de neige qui signalent la fin des travaux de chaussée. Et cette année, en raison notamment des pluies continuelles de juillet, beaucoup de chantiers sont en retard et doivent être achevés à la dernière minute.

Une information déficiente

Pour l'ingénieur Ottavio Galella, président de Trafix, une firme spécialisée dans la gestion de la circulation, «les solutions actuelles pour informer les usagers des entraves à la circulation, à Montréal, ne sont plus appropriées».

Selon lui, la surabondance des chantiers, la multiplication des administrations qui en sont responsables et l'absence d'information centralisée pour localiser ces entraves et pour détecter les problèmes qui en résultent, en temps réel, font en sorte qu'il est impossible d'informer les usagers des pièges de la circulation.

«Je crois que Montréal est mûr pour adopter une gestion centralisée de la circulation, comme le font certaines grandes villes d'Europe. Cela permettrait à la fois de mieux informer le public sur les chantiers et de réagir plus vite lorsque des situations imprévues se produisent dans la circulation.»

À la Ville de Montréal, le directeur du SITE (service des infrastructures, des transports et de l'environnement), Robert J. Marcil, reconnaît qu'il est impossible pour un automobiliste ou une entreprise qui possède de nombreux véhicules sur la route de planifier ses déplacements en évitant les embouteillages causés par les travaux d'infrastructures. L'information sur ces entraves est trop dispersée, et les sites internet des arrondissements et de la ville centre ne sont pas mis à jour.

Mais la création d'un service de type «Inforoutière» consacré exclusivement à Montréal, souligne M. Marcil, mobiliserait des ressources importantes que la Ville préfère investir ailleurs.

«La priorité de la Ville de Montréal est d'améliorer les communications avec les populations riveraines qui doivent subir ces chantiers.»

«Nous avons négligé d'entretenir nos infrastructures pendant des décennies, rappelle M. Marcil, Ce n'est plus un secret. Et quand nous rencontrons les gens, pour expliquer ce qu'on va faire près de chez eux, ils sont plus réceptifs qu'ils l'étaient il y a quelques années.»

À la fin de 2008, rappelle-t-il, l'administration centrale Montréal aura investi plus de 400 millions dans près de 200 chantiers d'infrastructures. Et sous réserve de l'approbation des budgets nécessaires, «on souhaite en faire encore plus l'an prochain».