Les Montréalais qui ne sont plus aux études mais dont la carte d'étudiant est toujours valide peuvent se prévaloir du tarif réduit de la STM grâce à un simple subterfuge exécutable en quelques minutes seulement. L'astuce permet aux usagers de payer 36$ par mois jusqu'à l'expiration de leur nouvelle carte OPUS, au lieu des 66,25$ que doivent payer les non-étudiants. Une économie de plus de 45%, obtenue à l'insu de la STM.

Il suffit à l'ancien étudiant d'obtenir une copie électronique de son horaire d'un trimestre passé et de l'altérer afin de «prouver» qu'il est toujours aux études. Ni la STM ni Speq Photo, qui délivre les cartes donnant droit au tarif réduit, ne font de vérifications supplémentaires.

 

Pas besoin de connaissances informatiques particulières pour y parvenir. «Tout ce que j'ai eu à faire, c'est de prendre l'horaire de mon dernier trimestre à temps plein sur l'internet, de le copier dans un logiciel de traitement de texte et de modifier l'indication «Automne 2007» pour «Automne 2008», résume Émilie, employée du gouvernement fédéral. Je l'ai ensuite imprimé et me suis présentée chez Speq Photo.»

L'usager doit aussi prouver qu'il habite dans l'île de Montréal et qu'il est âgé de moins de 26 ans.

«Ça prend deux secondes. Rien de plus facile, affirme Marc-André, ex-étudiant de l'UQAM aujourd'hui employé dans une firme de relations publiques. Je connais une quinzaine de jeunes professionnels comme moi qui profitent du tarif étudiant sans y avoir droit.»

La STM étonnée

Hier, la porte-parole de la STM Marianne Rouette s'est dite «étonnée» par cette tactique. «Je n'en avais jamais entendu parler», a-t-elle dit.

«Le problème, ce n'est ni le système, ni l'entreprise Speq Photo, mais bien les individus qui choisissent d'agir ainsi. Il s'agit ni plus ni moins de fraude. Il est interdit d'avoir une carte d'accès au tarif réduit quand on n'y a pas droit, et des peines sont prévues dans les règlements de la STM», a-t-elle déclaré. Les personnes qui commettent cette infraction s'exposent à une amende de 200$ à 500$.

Le président de Speq Photo, Jacques Prévost, a assuré hier que son studio fait «le plus possible» afin d'éradiquer ce type de supercherie. L'entreprise est le fournisseur exclusif de la carte de transport de la STM depuis deux ans. «Dès que nous avons le moindre doute, nous refusons de délivrer la carte. Mais nous ne pouvons rien faire si la falsification de l'horaire est indétectable. Nous ne sommes pas la GRC...»

Autre surprise: la carte OPUS qui donne droit au tarif réduit est valide pour deux ans, soit jusqu'en 2010. Les anciennes cartes, elles, étaient valides pour 12 mois. Mme Rouette assure toutefois qu'on vérifiera la fréquentation scolaire des détenteurs de carte l'an prochain.

Plus de 145 000 Montréalais ont une carte OPUS qui donne droit au tarif étudiant.