Une nouvelle fuite d'eau - la 19e en huit jours - a inondé plusieurs rues du centre-ville, hier matin, et perturbé la circulation à l'heure de pointe.

Il était 5h30 lorsque la conduite de fonte de 60 cm de diamètre a cédé. L'eau a créé une telle pression qu'un dôme d'asphalte s'est formé dans la rue Saint-Jacques, non loin de la rue Peel. Une mare d'environ 30 cm de profondeur s'est formée à la surface et s'est rapidement étendue jusqu'aux rues de la Montagne, à l'ouest, et de la Cathédrale, à l'est.L'eau a emprisonné des dizaines de voitures, dont les pneus étaient complètement submergés. Le bris n'a toutefois inondé aucun bâtiment, car la plupart des terrains du secteur sont vacants ou servent de stationnement.

Une femme a fait une chute en tentant de traverser la zone inondée. Elle a été secourue par un col bleu venu réparer les dégâts.

Duana Cabanas se trouvait dans une fâcheuse posture devant l'entrée de son immeuble, le Jardin Windsor. Il lui était impossible d'atteindre le trottoir, transformé en torrent. Elle ne s'en faisait pas outre mesure, toutefois, puisque son bâtiment dispose d'une sortie latérale sur la rue de la Montagne.

«Je peux sortir par le garage, mais il va falloir que je marche jusqu'à la rue Notre-Dame puis jusqu'à University, a-t-elle indiqué. Je n'ai pas le choix.»

Sa voisine Minodora Maraciuc s'estimait chanceuse malgré les inconvénients. D'abord parce qu'elle avait toujours l'eau courante, mais aussi parce que la voiture de son copain a bien failli être endommagée.

«Elle était garée rue de la Montagne, a-t-elle raconté. Une chance, parce que s'il l'avait garée dans la rue Saint-Jacques, elle aurait été engloutie.»

Le bris est survenu 24 heures après qu'une conduite secondaire eut éclaté sous la rue de la Cathédrale. Cette autre fuite a provoqué l'interruption de l'eau courante jusqu'en fin d'après-midi, a relaté Karine Ratté, employée du restaurant Times Supper Club. Le porte-parole de l'arrondissement de Ville-Marie, Jacques-Alain Lavallée, a toutefois indiqué qu'il est trop tôt pour établir un lien de cause à effet entre les deux ruptures.

Une soixantaine de conduites d'eau ont éclaté à Montréal depuis le 1er janvier, selon les autorités municipales. Celle qui a cédé hier matin date de 1891. Les soupçons des experts municipaux se portent moins sur le tuyau comme tel que sur un joint de ciment posé lors de la construction de l'autoroute Ville-Marie, en 1974. Ils croient que c'est cette section qui a pu céder.

Des travailleurs municipaux ont mis plusieurs heures à couper l'eau de la conduite. Ils n'avaient pas le choix, car un changement de pression soudain aurait pu créer encore plus de dommages. Pendant ce temps, des tracteurs ont bâti des digues de neige pour contenir la mare géante et ouvert les puisards pour la drainer.

Plusieurs jours de réparations

Il faudra plusieurs jours pour réparer les dégâts, a affirmé le directeur de la gestion de l'eau à la Ville de Montréal, Réjean Lévesque, qui rappelle que la municipalité investira cette année 120 millions pour réparer son réseau de distribution d'eau.

«Si on n'avait pas fait les investissements qu'on a faits au cours des cinq dernières années, a-t-il dit, la situation serait plus grave qu'elle l'est actuellement.»

Mais le responsable des infrastructures au comité exécutif, Sammy Forcillo, prévient que les Montréalais ne sont pas au bout de leurs peines. Car même un investissement massif pour réparer le réseau ne compensera pas des années de sous-financement chronique.

«Les investissements qu'on est en train de faire actuellement et qu'on va continuer de faire, les résultats, on ne va pas les voir à court terme, a-t-il averti. Il y a plus de 5000 km de réseau.»