La croix du mont Royal est finalement ressuscitée. Ce soir, à 18h10 tapantes, l'emblème historique de Montréal s'éclairera de nouveau, après cinq mois d'obscurité.

Cette «remise en lumière» marque la fin d'importants travaux de restauration menés par la Ville depuis 2007, une opération qui incluait notamment la remise en état des structures métalliques (extrêmement corrodées) et le remplacement du système d'éclairage utilisé depuis 1992.

Composée de diodes électroluminescentes polychromatiques (DEL), la nouvelle installation aura une consommation énergétique de 3950 W, soit 550 de moins que l'ancien système à fibres optiques. Les DEL seront regroupées derrière des «dômes protecteurs» qui permettront de recréer l'effet des ampoules traditionnelles. Il est à noter que le changement de couleurs sera désormais contrôlable à distance, par la magie de l'informatique.

«Ce sera plus performant et moins énergivore, résume tout simplement Helen Fotopulos, responsable du mont Royal au comité exécutif de Montréal. Et en plus, on ne change pas le look.»

Cette cure de rajeunissement a coûté jusqu'ici près de 1,5 million de dollars. Mais elle était bien nécessaire, affirme Mme Fotopulos: «La croix était si détériorée qu'elle aurait pu poser des problèmes de sécurité.» Un investissement supplémentaire de 490 000$ devrait permettre d'achever l'aménagement autour du monument, incluant l'accessibilité et le mobilier urbain. Tous les travaux sont financés conjointement par la Ville et le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine.

Pour la petite histoire, la croix du mont Royal date de 1924. Elle a été construite à l'initiative de la Société Saint-Jean-Baptiste, en souvenir d'une autre croix, érigée au même endroit en 1643 par le fondateur de Montréal, Paul de Chomedey de Maisonneuve, «en reconnaissance de la protection divine contre les inondations». Fait cocasse: la SSJB a offert la croix à la Ville en 1929, mais les documents en attestant ont disparu. Il a fallu attendre 2004 pour qu'une résolution du Conseil municipal approuve enfin cet acte de cession.

En 1988, un certain Hans Marotte avait enrubanné la croix d'une immense bannière «Loi 101», geste qui lui avait valu la notoriété d'un océan à l'autre. D'autres ont demandé la démolition de cet immense signe catholique. Mais comme le souligne l'historien Jacques Lacoursière, «il faut reconnaître qu'avec le temps, ce monument est devenu beaucoup plus un rappel historique qu'un symbole religieux».

La croix en chiffres

26 tonnes d'acier

1830 tiges reliées par 6000 rivets

103 pieds de hauteur

36 pieds de largeur de bras

828 pieds au-dessus du fleuve

158 dômes protecteurs

18 diodes (DEL) par dôme