Des cuisines fréquentées par les rongeurs, des couteaux malpropres et des consommateurs nauséeux: le dernier rapport du service des aliments de la Ville de Montréal révèle que la salubrité est encore loin de figurer au menu de tous les restaurants de Montréal. Pas moins de 6075 infractions ont été constatées en 2007. Soit près d'une vingtaine chaque jour.

Les 34 inspecteurs de la Ville de Montréal n'ont pas manqué de travail en 2007. Ils ont fait 17 734 visites-surprises dans quelque 12 000 restaurants et autres commerces d'alimentation. Ces inspections se sont soldées par près de 3000 constats d'infraction aux règles minimales d'hygiène dictées par le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec.

 

Parfois, les inspecteurs ont constaté qu'un réfrigérateur ne gardait pas les aliments assez froids pour éviter la prolifération de bactéries, parfois ils ont vu des employés négliger de se laver les mains avant de manipuler la salade d'un client... et souvent, leur constat comportait plus d'un délit.

Plus rarement - neuf fois -, les autorités sanitaires ont dû prendre les grands moyens et ordonner la fermeture immédiate d'un établissement parce qu'il représentait un «risque imminent pour la santé des consommateurs», par exemple quand ils ont trouvé des excréments de rongeurs dans la cuisine d'un restaurant, tout près d'une planche utilisée pour découper des légumes.

Ces établissements n'ont pu rouvrir leur portes qu'après avoir obtenu le feu vert de la Ville de Montréal. «Habituellement, ils corrigent très vite la situation: un restaurant ne peut pas rester fermé plus de cinq jours, sa survie en dépend», dit Christine Vézina, responsable de l'inspection des aliments à la Ville de Montréal.

Mais ce n'est pas toujours le cas. Certains contrevenants refusent de se conformer aux avis d'infraction. Dans 152 cas, ils ont été traduits et condamnés en cour municipale. Le total des amendes perçues en 2007 avoisine les 192 000$. Certains restaurants ont payé jusqu'à 8000$, en plus des frais de cour.

Christine Vézina relativise le nombre d'infractions relevées en 2007, plutôt stable d'une année à l'autre. «Ce chiffre n'est pas si élevé si on le compare au nombre important de restaurants et de commerces à Montréal.» La situation, ajoute-t-elle, va certainement s'améliorer de façon marquée en 2009 avec l'entrée en vigueur de règles plus strictes concernant la formation des employés des commerces d'alimentation.

Reste que les conséquences de ces écarts de conduite sont parfois fâcheuses. En 2007, la Ville a fait enquête sur 149 déclarations d'épisodes d'intoxication alimentaire qui ont touché 856 personnes.

Des centaines de plaintes

Les restaurants et les commerces ne sont pas tous égaux aux yeux des inspecteurs. Certains ne sont inspectés que tous les trois ans, d'autres tous les trois mois. «Cela dépend de leur historique, explique Mme Vézina. Si un établissement a toujours été bien tenu, si les risques sont faibles pour les consommateurs, s'il n'y a jamais eu de plainte fondée, alors il y a de fortes chances qu'on n'y aille qu'aux 36 mois.»

Mais ces considérations changent dès qu'un consommateur sonne l'alarme: les inspecteurs ont visité systématiquement les 1565 établissements qui ont fait l'objet d'une plainte, «même si on était passé par là deux semaines avant», dit Mme Vézina. Le délai moyen d'intervention à la suite d'une dénonciation était de 29 heures en 2007, contre 33 heures en 2006.

Contrairement à certains préjugés qui ont la vie dure, les restos du Quartier chinois ne sont pas pires que les autres, dit Mme Vézina. Mais avant de passer à table, elle suggère quelques conseils, comme de jeter un coup d'oeil à la propreté des toilettes. «Si elles sont bien tenues, ça peut être un indice que la cuisine l'est aussi.»

La liste des contrevenants est accessible à ville.montreal.qc.ca.