La Ville de Montréal recule sur son intention d'interdire le port du masque dans les manifestations. Le responsable de la sécurité publique à la Ville de Montréal, Claude Dauphin, a annoncé hier le report du vote visant à modifier la loi P-6 sur la prévention des troubles de la paix, de la sécurité et de l'ordre public, censé avoir lieu à la séance du comité exécutif, lundi.

L'amendement du règlement avait suscité de vives protestations de la part de groupes de défense des droits de la personne qui craignent que la réglementation mène à des dérapages de la part des autorités policières.«Depuis quelques semaines, beaucoup d'individus et de groupes nous ont fait connaître leurs appréhensions sur certains volets de l'amendement proposé», a déclaré Claude Dauphin par voie de communiqué, hier après-midi.

«L'ensemble de nos échanges nous a permis de constater que certains aspects du règlement demeurent imprécis. Comme notre objectif est de fournir de bons outils à nos policiers qui auront à appliquer ce règlement et aux tribunaux à le sanctionner, il nous apparaît important de réexaminer notre projet d'amendement et de le soumettre à nouveau à la Commission de la sécurité publique pour une nouvelle évaluation.»

Bien qu'il ait été accueilli favorablement, le report du vote n'a pas été interprété comme une victoire par les groupes de pression qui militent depuis plusieurs semaines contre le projet.

Lors d'un point de presse organisé par la Ligue des droits et libertés hier après-midi, plusieurs organismes comme la CSN, le Centre de recherche-action sur les relations raciales et le Collectif pour la défense des droits en santé mentale de Montréal ont dénoncé la décision de la Ville de ne pas avoir abandonné le projet d'amendement devant l'opposition.

«Imaginez une marche de la paix au Moyen-Orient où les femmes ne peuvent pas porter le foulard ou une manifestation contre la pollution de l'air où les manifestants ne peuvent illustrer le problème en portant des masques à gaz», a commenté Fo Niemi, du Centre de recherche-action sur les relations raciales.

De son côté, le président de la Fraternité des policiers de Montréal a soutenu que reporter l'adoption du règlement aux «calendes grecques» ne serait pas «acceptable».

«Ce n'est ni la liberté d'expression ni le droit de manifester qui sont visés par cet amendement», a dit Yves Francoeur. «Ce sont clairement les casseurs... Par expérience, nous savons que si nous avons la possibilité de leur demander de se démasquer et, dans un deuxième temps, de s'identifier s'ils refusent de le faire, les bris et la provocation vont considérablement diminuer.»

Bernard Larin, porte-parole au cabinet du maire, n'a pas voulu indiquer à quel moment le vote serait reporté.

«Ça ne sert à rien de mettre de la pression. On veut donner la chance aux gens qui ont pensé le projet de prendre le temps d'écouter toutes les voix.»