Le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, s'est rendu hier dans les bureaux de la Sûreté du Québec, à Montréal, pour y porter plainte au sujet du contrat des compteurs d'eau de 356 millions accordé par la Ville de Montréal au consortium GéniEau, en novembre 2007.

Déjà, mardi, une enquête policière avait été demandée à la SQ par la Société d'habitation et de développement de Montréal (SHDM) à propos de l'affaire du Faubourg Contrecoeur et des aliénations d'immeubles par la SHDM en 2007 et en 2008. Cette fois, c'est l'autre dossier chaud de l'administration Tremblay qui sera passé sous la loupe de la police.

 

L'enquête sera menée par la Division des enquêtes sur les crimes économiques de la SQ. Élu municipal dans le Plateau-Mont-Royal, M. Bergeron a exposé à des représentants de la police les raisons pour lesquelles il réclame une enquête. Il leur a fourni un document d'une quinzaine de pages qui relate toute l'affaire des compteurs d'eau et celle qui a mené au projet du Faubourg Contrecoeur, dans l'arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve.

Richard Bergeron dit que sa plainte est en trois parties. «Je veux qu'ils enquêtent dans un premier temps sur le contrat des compteurs d'eau accordé par la Ville de Montréal au consortium GéniEau, composé des sociétés Dessau et Simard-Beaudry, cette dernière appartenant à Antonio Accurso, dit-il. Je veux aussi que la police enquête sur des apparences de complot ayant visé à faire un partage des contrats de la Ville de Montréal entre, d'une part, le consortium GéniEau, auquel la Ville a accordé le contrat des compteurs d'eau et, d'autre part, Construction Frank Catania inc., retenue par la Ville pour exploiter le site Contrecoeur.»

Finalement, le chef de Projet Montréal a demandé aux enquêteurs des crimes économiques de la SQ d'étudier ce qu'il appelle «des apparences de collusion et de fraude entre certains élus et fonctionnaires de la Ville de Montréal, ainsi que certains dirigeants d'un parti politique dans le but de soutirer des avantages personnels indus du contrat des compteurs d'eau et/ou de l'exploitation du site Contrecoeur».

À ce sujet, le chef politique a remis une liste de neuf noms à la police. Il a dit à La Presse que, comme il en a récemment fait part durant une séance du conseil municipal, il se questionne sur le fait que les deux mêmes entrepreneurs sont finalistes dans les deux dossiers que sont celui des compteurs d'eau et celui du projet immobilier du Faubourg Contrecoeur.

Dans le dossier des compteurs d'eau, Simard-Beaudry, propriété de Tony Accurso, et Dessau ont obtenu le contrat. Le consortium formé de Construction Frank Catania et de l'entreprise SM était aussi sur les rangs, mais a perdu l'appel d'offres, ayant demandé près de 400 millions.

Dans le cas du Faubourg Contrecoeur, Catania a remporté la mise après avoir proposé à la SHDM un peu plus de 4,3 millions net pour les terrains (et une contribution municipale de 15,8 millions pour les infrastructures). La compagnie Marton (propriété de Tony Accurso) avait, elle, proposé 10$, selon le rapport Deloitte, et une contribution municipale de 17 millions. Son offre avait été rejetée.

Le 21 avril, Richard Bergeron avait demandé qu'une enquête soit ouverte par la Ville dans le dossier des compteurs d'eau. Le président du comité exécutif, Claude Dauphin, avait estimé que la proposition de Richard Bergeron était prématurée.

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